Deuxième sport de la Côte d’Ivoire, le taekwondo est plongé, depuis un an, dans une crise d’accusations d’abus sexuels. Dans la foulée, Mariama Cissé, une des victimes présumées, qui a failli tout arrêter, livre son témoignage poignant, au micro de RFI.
Talentueuse taekwondoïste et médaillée de bronze aux Championnats d’Afrique 2022, Mariama Cissé a été mise à l’écart de la sélection ivoirienne après avoir refusé les avances de l’entraîneur de l’équipe nationale.
« Les refus, ça n’a pas joué en ma faveur, témoigne-t-elle. J’ai commencé à être mise à l’écart, ç’a coupé mon élan. Je ne comptais plus dans l’équipe nationale, j’étais remplacée ».
La jeune femme explique n’avoir à ce moment-là « personne à la Fédération pour régler mon problème. J’ai compris que je n’aurais pas une place dans l’équipe nationale si je ne cédais pas à ce coach-là. J’ai arrêté le taekwondo. Je ne partais plus à l’entraînement. »
C’est ainsi que Mariama Cissé est remplacée pour les Championnats d’Afrique de novembre 2023 qui se sont déroulés à Abidjan.
Sauf que sa remplaçante n’est pas apte à se présenter sur les tatamis, la place lui revient donc à nouveau. À une seule condition : qu’elle s’excuse auprès de son entraîneur pour partir sur de nouvelles bases.
« Chose que j’ai refusée parce que je ne lui ai rien fait », martèle Mariama Cissé, qui explique se retrouver alors dans un environnement « toxique », avec des « abus », dans une ambiance où elle est ignorée.
La vice-championne nationale chez les -57 kilos décide de porter plainte pour harcèlement sexuel et abus de pouvoir un mois plus tard.
Dans la foulée, la fédération réagit, limoge l’entraîneur en question ainsi que le directeur technique national. Une commission spéciale d’investigation est alors menée et une confrontation a même lieu entre l’entraîneur et l’athlète.
Et puis, Mariama Cissé n’a plus eu de nouvelles. « Je veux que la fédération et le ministère en fassent plus, parce que je ne veux pas que d’autres personnes vivent la même chose, appuie la taekwondoïste. Le mettre à l’écart ça ne veut rien dire. Ça va continuer s’il n’y a pas de sanction ».
En septembre dernier, une nouvelle plainte pour harcèlement sexuel a été déposé par le père d’une athlète de 17 ans contre le nouvel entraîneur de l’équipe nationale.