La pression monte, le gouvernement reste intransigeant, la psychose s’empare des Français à la veille de l’acte 19 de la mobilisation des Gilets jaunes. Désormais impliqués dans le maintien d’ordre, les soldats de l’opération Sentinelle font part de leur vive inquiétude par rapport à la mission qui leur est assignée dans le cadre des prochaines manifestations des gilets jaunes. « Les mecs de Sentinelle, ce sont tous des militaires, on ne sait pas faire du maintien de l’ordre », affirme un militaire chez Franceinfo, qui totalise 14 mois de missions en patrouille Sentinelle.
Eh oui, ce soldat et ses collègues sont appelés à renforcer la sécurité de certains monuments, mais aussi du quartier de l’Élysée, en garde statique.
Même si l’Etat-major rassure que les soldats de Sentinelle ne seront pas en contact avec les manifestants, une question demeure sur les lèvres dans les régiments: comment réagir si des émeutiers les attaquent ?
« On a en permanence le gilet pare-balles sur nous et le fusil d’assaut. On n’a pas le matériel de protection que vont avoir les CRS, on n’a pas les protège-jambes, on n’a pas toute l’espèce de carapace qu’ils ont sur eux », explique le soldat, cité plus haut.
La mesure du gouvernement inquiète et suscite d’incompréhension
« Si on se fait caillasser, soit on rentre dans le bâtiment pour se mettre à l’abri, soit on ne peut pas se mettre à l’abri pour X raison. La seule réponse qu’on pourra avoir à ce moment-là, c’est peut-être un coup de gaz au début ou un coup de matraque télescopique, mais après s’il y a trop de monde, oui, malheureusement il risque d’y avoir des morts. »
« L’ennemi ne peut pas être la population »
Un dérapage dramatique, c’est ce qui inquiète aussi cet autre soldat, qui refuse de pointer son arme sur le peuple français, comme rapporté par notre source.
« C’est absurde, c’est du n’importe quoi. On n’est pas préparé à ça. Nous, en termes techniques, on lutte contre un ennemi. Et l’ennemi ne peut pas être la population, ce n’est pas possible. C’est la situation dans laquelle on essaie de mettre les militaires aujourd’hui. »
Une situation d’autant plus difficile à gérer que beaucoup de soldats éprouveraient une certaine sympathie à l’égard des « gilets jaunes », selon ce cadre de l’armée, qui dénonce une instrumentalisation politique.
« Ils ne savent plus quoi faire, ils ne savent plus comment gérer, ils n’ont pas pris encore la mesure de ce mouvement. »
Certes les dispositions sont prises pour éviter des débordements, mais un constat demeure: le parcours des « gilets jaunes » reste imprévisible.