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Le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 02 octobre 2018 au sein de l’ambassade de son pays en Turquie et les timides réactions des USA et des géants de l’Union européenne mettent à mal les valeurs démocratiques longtemps clamées par les occidentaux.
Plus les jours passent, plus la thèse d’un assassinat du journaliste Jamal Khashoggi par les hommes du prince Mohammed ben Salman devient plausible. Mohammed ben Salman avait dans un premier temps déclaré que le journaliste était sorti de l’ambassade quelques heures après son entrée. Suite à la pression internationale, l’Arabie Saoudite confirme le meurtre de Khashoggi. Les autorités saoudiennes évoquent une bagarre qui s’est mal terminée. Donald Trump qui caressait le prince controversé dans le sens du poil a fini par douter des versions des faits. Il parle de « tromperies et des mensonges ». De son côté le président turc Recep Tayyip Erdogan promet révéler « toute la vérité » comme pour dire que l’Arabie Saoudite cachait encore des choses.
Les affaires avant la démocratie
Les USA et la France, la grande Bretagne et l’Allemagne demandent plus d’éclaircissement. Pour l’heure personne ne parle de sanction. Et pour cause, l’Arabie saoudite est un partenaire d’affaire privilégié pour les occidentaux. En mars 2018, l’administration américaine a signé un contrat d’armement d’un montant d’1,3 milliard de dollar avec l’Arabie Saoudite. Donald Trump entretient des liens étroits avec le prince saoudien. Il souhaite en faire un allié de taille dans la région.
En 2016, les exportations françaises (hors exportations militaires) en Arabie Saoudite sont estimées à 4,6 milliards de dollars américains. Selon les statistiques saoudiennes reprises par le ministère de l’économie et des finances français, la France est le 8ème principal fournisseur du royaume saoudien. Le patron des patrons français Roux de Bézieux, a été assez clair l’affaire Jamal Khashoggi. « Si on ne commerçait qu’avec des démocraties, on ne ferait pas beaucoup de commerce » avait déclaré le président du Medef avant d’appeler les politiques à « fixer les limites ».
Deux poids de mesures
En mars 2018, Theresa May accusait clairement la Russie d’usage illégal de la force contre le Royaume-Uni dans l’affaire d’empoisonnement d’un ancien espion russe. Sans attendre les résultats des enquêtes, le premier ministre britannique a annoncé l’expulsion de 23 diplomates russes. Les USA ont sévi dans cette affaire en infligeant de lourdes sanctions financières à la Russie. Et pourtant la Russie a toujours proclamé son innocence. « Nous considérons comme absolument inacceptable l’annonce de nouvelles restrictions en lien avec l’affaire de Salisbury et les considérons comme illégales », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. « Nous démentons encore une fois de la manière la plus catégorique toutes les déclarations sur une quelconque implication de la Russie ».
Aux Africains… Les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts
« Les États n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts », rappelait l’ancien président français le général de Gaulle qui paraphrasait Lord Palmerston, « L’Angleterre n’a pas d’amis ou d’ennemis permanents ; elle n’a que des intérêts permanents ». Les hésitations et tâtonnements des grandes démocraties face à la rocambolesque affaire Jamal Khashoggi doit interpeller les peuples africains assoiffés de la démocratie. Ils sont les seuls responsables de leur destin. Dans les anciennes colonies françaises d’Afrique, les opposants politiques et les populations tournent généralement les regards vers la France afin que cette dernière leur vienne en aide pour lutter contre les dictatures. En dehors de la Côte d’Ivoire ou du Mali ou l’intervention française reste d’ailleurs controversée, l’hexagone entretient de bonnes relations avec les Etats qui méprisent les droits de l’homme.
