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Afrique: Des mouvements citoyens disent « STOP » à la France

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Francafrique« Y’en a marre », « Le coup de sifflet », le « Carton rouge »,  le « Balai citoyen », « Ça suffit comme ça », voilà quelques mouvements citoyens qui troublent le sommeil des dirigeants africains, en dénonçant des pratiques politiquement et socialement incorrectes.

Considérés comme la voix des sans-voix et portant ainsi les aspirations profondes des peuples dont les droits sont mis à rude épreuve, ces activistes s’engagent pour dire « Non » aux hommes politiques s’agissant de l’alternance politique, la moralisation des institutions ou encore l’instauration d’une véritable démocratie.

Même si l’origine de leur financement demeure encore une équation à plusieurs inconnus, ils sont difficiles à soudoyer, à manipuler. Leur vision demeure claire et nette: pas question d’être à la solde d’un régime cinquantenaire ou d’un Chef d’Etat qui pille les richesses du pays. C’est une évidence, ils dérangent profondément les pouvoirs en place et font souffler quoi qu’on dise, un vent nouveau sur la gouvernance en Afrique.

Vu l’impact que de leurs actions, lesquelles ont contribué au renversement des pouvoirs sur le continent, ils semblent se substituer aux organisations de la société civile dont la plupart sont de nos jours, fragilisées par des intérêts partisans et des guerres intestines.

Dans la foulée, la France, l’ancienne puissance coloniale, est pointée d’un doigt accusateur de continuer par soutenir des régimes autocratiques, une manière de permettre à ces derniers de se maintenir au pourvoir le plus longtemps que possible sans être inquiétés. Et c’est l’impunité qui s’érige en lieu et place de la justice et l’équité.

La diaspora africaine s’intéresse également à la question et tient à se prononcer par rapport à la position de l’occident vis-à-vis de la gouvernance en Afrique, mieux encore la « Franceafrique ».

Au moment où François Fillon et Alain Jupé se bousculent aux portes de l’Elysée, nombre de ces  mouvements sociaux se sont retrouvés à Sciences Po, pour interpeller les futurs dirigeants français sur les « vielles pratiques » de la France et pour leur dire de rompre avec cette manière de faire. L’ambition est d’inviter Paris à regarder autrement l’Afrique qu’une « vache à lait ».

Dans leur sortie, les responsables des mouvements n’ont pas fait dans la dentelle. Des propos taillés sur mesure aux appels vibrants, les messages se veulent conscients et percutants. Voici quelques uns, rapportés par notre confrère « Le Monde Afrique », que nous nous faisons le plaisir de reprendre.

Valsero, rappeur et porte-parole du mouvement « Croire au Cameroun »

« Je ne suis pas venu vous parler de Paul Biya, cela ne m’intéresse pas de radoter sur la situation du Cameroun que tout le monde connaît. Je veux vous parler de vos responsabilités. « Il n’y a pas simplement un problème Paul Biya au Cameroun. Il y a un problème avec la France. S’il n’y avait pas la France, Biya ne serait plus président depuis des lustres. Paul Biya est au pouvoir depuis trente-quatre ans. « Nous avons le franc CFA, nous avons Bolloré qui contrôle les ports, le chemin de fer et maintenant les cinémas, nous avons l’ambassadeur de France qui a tellement de pouvoir, le PMU… tout cela est visible. La France s’est implantée comme un virus. Il est temps de jeter les bases de rapports sains, décolonisés. Vous serez de futurs dirigeants, vous devez réfléchir à cette responsabilité ».

Mahamat Zene Cherif, coordonnateur du « Collectif des jeunes Tchadiens »

« Au Tchad, l’ensemble de la population aspire au changement. La seule difficulté que nous voyons pour changer [Idriss Déby arrivé au pouvoir grâce à Paris en 1990], c’est la France. Nous avons une base militaire française, nous voyons les avions Jaguar voler au-dessus de nos têtes mais la France garde un silence absolu sur la situation dans laquelle vit la population. Elle mise sur Déby au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais le jour où il va mourir, ce sera le chaos ».

Marc Ona Essingui, du mouvement « Ça suffit comme ça ! »

« Nous sommes une génération qui veut tourner la page des années 1960. La France et les autres nations occidentales devraient changer de logiciel, explique Marc Ona Essingui, du mouvement Ça suffit comme ça ! Depuis cinquante ans, cette famille [Bongo] paupérise le pays, tue les intellectuels. La population a fait son travail lors des dernières élections. Elle s’est mobilisée pour défendre un Etat de droit. La communauté internationale doit agir en accord avec ses principes. Ce qui s’est passé au Gabon est dangereux pour le reste de l’Afrique centrale. Que peut-on exiger maintenant de Joseph Kabila [le mandat du président congolais s’achève officiellement le 19 décembre] ? »

Kajeem, artiste reggae ivoirien

« Nous disons à nos dirigeants ce qu’ils doivent entendre. Faites la même chose avec vos dirigeants : dites-leur que s’ils n’arrêtent pas de venir foutre le bordel chez nous, cela va se retourner contre vous. Quand quelqu’un a décidé que sa vie ne vaut rien, la vôtre ne vaut plus grand-chose. Les jeunes Africains qui vivent avec le désespoir dans le cœur et traversent la Méditerranée ne sont plus très loin d’en être là ».




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