Africa Top Success Ils font l'Afrique
Jusqu’au 22 septembre, le Market Theater de Johannesburg accueille Katanga, January 17, une pièce qui retrace l’assassinat, en 1961, de Patrice Lumumba en République démocratique du Congo, tout en explorant ses idéaux et l’état actuel du pays. Bien qu’elle n’ait été jouée qu’en Afrique du Sud, les créateurs espèrent organiser une tournée, notamment en RDC. En attendant, la troupe aspire à renforcer le sentiment panafricain en Afrique du Sud, surnommée la « nation arc-en-ciel ».
Une atmosphère sombre et poignante
Dès l’entrée, le spectateur est plongé dans une ambiance lourde et oppressante, recréant les conditions tragiques des derniers jours de Lumumba et de ses deux compagnons, Maurice Mpolo et Joseph Okito. Le décor sombre et minimaliste accentue la gravité du moment.
Pour Khutjo Green, metteuse en scène et actrice, il est essentiel de faire revivre cet épisode marquant de l’histoire africaine.
« En tant que Sud-Africains, nous connaissons mal l’histoire du continent. À l’école, nous étudions surtout notre propre pays et les nations occidentales, mais très peu l’histoire africaine. Et lorsqu’on l’enseigne, c’est souvent à travers ses tragédies. Nous devons honorer davantage les grands révolutionnaires et visionnaires africains », a-t-il indiqué.
Un message contre la division et la haine
Alain Nji, acteur d’origine camerounaise installé en Afrique du Sud, incarne le bourreau dans la pièce. Il y voit un parallèle avec la xénophobie encore présente en Afrique du Sud.
« En tant qu’étranger, j’ai ressenti de la douleur en voyant la haine entre Noirs dans ce pays. Lors de l’assassinat de Lumumba, la Belgique a exploité nos divisions. Lumumba a été tué à cause de ces fractures entre Africains, et cela a rendu son élimination facile », a-t-il déclaré.
Le théâtre, un puissant vecteur de mémoire
Katanga, January 17 entremêle poésie, témoignages des descendants de Patrice Lumumba et Joseph Okito, ainsi que celui d’un ancien enfant soldat.
« Le pouvoir du théâtre réside dans sa capacité à rendre les événements crédibles sans être menaçants. Les spectateurs peuvent s’identifier aux personnages. C’est une manière subtile et belle de raconter des histoires, sans être une leçon d’histoire. Nous avons cherché à trouver un équilibre entre l’authenticité historique, la créativité artistique et les témoignages », a raconté Bobby Rodwell, co-auteur de la pièce.
Cependant, les échanges panafricains restent complexes : un acteur congolais, initialement prévu dans la distribution, n’a pas pu rejoindre la troupe faute de visa, un rappel des obstacles encore présents sur le continent.
