Au moins 60 mineurs clandestins, appelés localement « zama zama », ont perdu la vie dans une mine d’or désaffectée à Stilfontein, en Afrique du Sud.
Ce site, transformé en une ville souterraine par ces mineurs, était encerclé par les autorités depuis des mois. Dans une tentative controversée de les déloger, les autorités avaient coupé leur accès à la nourriture et à l’eau, une décision aux conséquences désastreuses.
Une stratégie aux résultats tragiques
Ces mineurs opéraient dans des conditions déjà précaires à plus de 2,6 km sous terre. Face à leur résistance, la ministre de la Communication, Khumbudzo Ntshavheni, avait déclaré : « Nous allons les enfumer, et ils sortiront. » Mais les fumées ont apporté la mort au lieu de forcer leur reddition.
Les opérations de secours ont permis de sauver 106 survivants, mais de nombreux corps sans vie ont également été remontés.
Réactions officielles et indignation populaire
Le ministre des Ressources minérales, Gwede Mantashe, a qualifié cette exploitation clandestine d’« activité criminelle », y voyant une menace pour l’économie nationale. Cependant, les familles des victimes dénoncent une gestion inhumaine de la crise.
Zinzi Tom, dont le frère faisait partie des mineurs, a comparé cette tragédie au massacre de Marikana en 2012 : « Ce n’est pas le prochain Marikana, mais déjà le massacre de Stilfontein. » Cette allusion souligne l’indifférence perçue des autorités face à la perte de vies humaines.
Un drame aux multiples enjeux
Au-delà des chiffres officiels, ce drame met en lumière :
- Les conditions de vie et de travail des mineurs clandestins, souvent issus de l’immigration et poussés par la pauvreté à prendre des risques extrêmes.
- La politique migratoire et sécuritaire de l’Afrique du Sud, jugée insuffisante pour protéger ces populations vulnérables.
- Les responsabilités étatiques dans la gestion des sites miniers désaffectés, qui deviennent des refuges pour des activités illégales.
Le ministre de la Police, Senzo Mchunu, a reconnu l’ampleur de l’incertitude entourant le drame : « Chaque chiffre que nous avons ici est une estimation, une supposition. »
Une société en quête de justice
Cette tragédie dépasse les simples statistiques : elle incarne des destins brisés, des familles endeuillées, et une profonde fracture sociale dans une société toujours marquée par les inégalités. Elle soulève une question essentielle : comment prévenir de tels drames tout en offrant des alternatives aux populations les plus vulnérables ?