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Bouba Djourdebbé : le docteur tchadien sauveur des enfants d’Afrique

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tchad

Lauréat de la bourse d’excellence du projet financé par Bill et Melinda Gates, Bouba Djourdebbé Franklin est candidat au doctorat en démographie de l’Université de Montréal. Aujourd’hui, son travail sur les risques environnementaux et la santé des enfants de moins de 5 ans à Ouagadougou offre une perspective d’avenir pour les pays en développement. 

9 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année dans le monde. L’équivalent du massacre provoqué par le tsunami sud-asiatique de 2004 s’il se produisait tous les 10 jours. C’est à son arrivée à Montréal que Bouba destine sa recherche à cette couche vulnérable de la population. Plus particulièrement, aux enfants de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.

Bouba grandit dans la guerre et fait ses études au Tchad, en Centrafrique, au Cameroun, et les termine ici, au Québec. Témoin de la guerre civile centrafricaine en 2003, victime de la guerre civile Tchadienne en 2006, et, enfin, miraculé de la rébellion à Ndjamena en 2008. Il raconte ces évènements qui ont marqué sa vie avec un sourire qui ne laisse pas deviner sa souffrance. Étudiant en Centrafrique, il est alors témoin de plusieurs mutineries.

Lorsque les rebelles attaquent la République centrafricaine en tentant de prendre le pouvoir des mains du président Idriss Deby, un rebelle pointe son arme sur le jeune homme et son frère. Par chance, le fusil d’assaut Kalachnikov s’enraille. « On pouvait rester sans manger, sans boire, et ça pouvait prendre des mois avant que la situation ne s’arrange. » Les cours seront annulés pendant 2 mois.

Mais, selon lui, l’Afrique reste avant tout un continent d’espoir. L’espoir d’étudier pour qu’un jour les choses évoluent. À 32 ans, diplômé de l’Institut régional de Formation et de Recherche démographique de l’Université de Yaoundé, il obtient la bourse émérite offerte par Bill et Melinda Gates. Désormais, cette opportunité hors du commun lui permet d’étudier dans le premier pôle francophone en études démographiques.

L’UdeM, unique au Canada

Seul département en études démographiques du Canada, le département de démographie de l’Université de Montréal forme depuis 1965 des centaines de démographes. Thomas Legrand, directeur et professeur titulaire du département, assiste Bouba dans ses recherches. Avec Stéphanie Dos Santos, diplômée de l’Université de Montréal et maintenant employée par l’International Relief & Development (IRD), ils accompagnent le jeune homme jusqu’à la fin de son doctorat.

L’étudiant se retrouve, grâce à son sujet de thèse, dans le programme populations et santé en Afrique que le département a créé il y a une trentaine d’années. Pour lui, les risques environnementaux sont la première cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans. Ses recherches consistent à s’intéresser aux données disponibles sur la santé des enfants. Il utilise notamment comme outil de documentation les données de l’observatoire des populations de Ouagadougou. À partir de Montréal, il accède directement à ces données, mais également à celles de l’IRSS (l’Institut de recherche en science de santé).

Pendant deux ans, de 2011 à 2013, il part en Afrique aux côtés de Stéphanie Dos Santos. Là-bas, il touche de près les populations. Ce voyage lui permet de croiser les données de l’observatoire avec les réalités qu’il rencontre. Une façon pour lui de prouver que les risques environnementaux représentent bien un danger pour les enfants de moins de cinq ans.

146 , un taux de mortalité infantile en régression

Selon Bouba, « les enfants de moins de 5 ans représentent la couche de la population la plus vulnérable, notamment à cause d’un manque d’accès aux soins. » En 2013, le taux de mortalité infantile au Burkina Faso atteint les 146 ‰. Au Canada, ce chiffre est seulement de 6 ‰. Pour l’UNICEF, le taux de mortalité infantile au Burkina Faso n’a cessé de diminuer depuis 1970. En effet, ce taux est passé de 291 ‰ en 1970 à 146 ‰ en 2013. Des chiffres inquiétants en comparaison avec les pays du Nord, mais rassurants pour ce pays du sud du Togo.

En 2014, les recherches de Bouba apporteront à l’Université de Montréal une ouverture sur les pays en développement. Ces pays dont les villes sont soumises à une forte croissance démographique et spatiale pourront s’inspirer des résultats de ses recherches afin de diminuer les risques environnementaux.

Mis à part ces résultats, certains chiffres révèlent que les enfants ayant accès à une aide plus importante de la part des organisations humanitaires, comme la distribution de moustiquaires, sont moins susceptibles d’attraper des maladies comme le paludisme. Le paludisme reste la première cause de mortalité au Burkina Faso. 5 438 787 cas de paludisme ont déjà été enregistrés au pays. 303 906 enfants de moins de 5 ans sont morts des suites de cette maladie. « Si on n’arrive pas à prouver que l’environnement représente le premier facteur de risque pour les enfants de moins de 5 ans, explique Bouba, il faudra repenser notre méthodologie. » Au Burkina Faso, la prévalence de l’infection palustre est estimée à 66 % chez les enfants de moins de 5 ans. Le paludisme constitue le principal motif de consultation (48 %) et d’hospitalisation (63 %). Ce virus reste la cause de 55 % des décès.

L’accès à l’eau potable n’arrange pas tout

Pourtant, si les organisations parlent souvent de l’eau potable comme premier facteur de mort infantile, Bouba affirme qu’il ne s’agit pas de la principale cause des décès des enfants de moins de 5 ans. En effet, il tente de prouver que les variables environnementales sont la principale cause d’un taux de mortalité infantile important. Dans les pays du Nord, l’accès à l’eau potable a réduit fortement la mortalité infantile. Malheureusement, en Afrique, l’accès à l’eau potable n’est pas suffisant. « Des fois, cette eau peut être polluée. Dans les pays du Sud, la problématique de l’eau n’est pas encore éradiquée. » Dans une Afrique idéale, où les habitants ont accès à une eau propre et potable, les problèmes du traitement des déchets seraient la prochaine étape dans l’évolution.

Reste à Bouba d’arriver à faire prendre conscience à l’Afrique que ces facteurs sont aussi importants que l’eau. Car sans un traitement des déchets et des eaux usées il est difficile pour les populations d’avoir accès à une eau propre et buvable, sans risque pour leur santé.

Aujourd’hui Bouba est en séjour de recherche au Burkina Faso après avoir obtenu son doctorat en juin dernier.

Source: mmtl-mixte




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