Un jeune physicien camerounais porte haut les couleurs de son pays dans l’univers scientifique mondial. Arsène Tema Biwolé a été convié à la 59ème réunion de la Société américaine de physique courant octobre 2017. Le jeune homme de 25 ans y a exposé devant les plus grands physiciens américains. Pour le plus grand bonheur de ses compatriotes, fiers des prouesses intellectuelles de ce jeune parti de rien mais qui atteint les sommets à force de travail. Portrait de ce passionné de physique hors normes.
Joie et fierté. C’est le sentiment que beaucoup de Camerounais éprouvent en apprenant vers la fin de l’année 2017 qu’un de leurs compatriotes, Arsène Tema Biwolé, est recruté à la prestigieuse NASA (National aeronautic and space administration). L’information est partagée sur les réseaux sociaux, fait la Une des sites Internet et est reprise sur les médias traditionnels. L’on précise à chaque fois que l’ancien étudiant de l’université polytechnique de Turin en Italie est le deuxième Camerounais -après Ernest Simo- à intégrer cet organisme réputé dans le monde. Tout un pays est sur un nuage. Rendu heureux par la reconnaissance de l’intelligence et du talent d’un de ses fils qu’il croit intégré dans le saint des saints, aux Etats-Unis d’Amérique. La joie des Camerounais est cependant de courte durée car ils se rendront compte qu’ils ne se sont pas abreuvés aux bonnes sources informationnelles. Un démenti du jeune héros vient le leur rappeler. Il fait savoir via son profil Facebook qu’il ne travaille pas encore pour la NASA.
Voici des extraits de son long post du 10 janvier 2018 : « Facebook, LinkedIn, Whatsapp, Google. J’ai aperçu un nombre incroyable d’articles sur ma personne. J’ai aussi pu ressentir l’ampleur de cet engouement dans mon Cameroun tant aimé grâce à mes amis et ma famille sur place. Arsène Tema Biwolé et sa maman ont alimenté les discussions dans les rues de Bafoussam, Yaoundé, Douala etc. Je ne saurais me réjouir totalement de cette situation tant que la vérité intégrale n’est pas restituée. Et c’est l’objectif de cette publication (…) JE N’AI PAS ETE RECRUTE par la NASA !!! Cette DESINFORMATION est sans doute née du fait que j’aie COLLABORE avec la NASA pendant mon travail sur les turbulences, et les courants auto-générés dans les plasma thermonucléaires ». Tout est donc clair désormais. Tema Biwolé à la NASA ce sera peut-être pour plus tard.
Jusqu’au bout du rêve
Ce qui a favorisé la propagation de cette rumeur c’est la participation le 24 Octobre 2017, du jeune premier à une réunion organisée par la Société américaine de physique. « J’ai eu l’honneur et la responsabilité de devenir le premier Camerounais à participer à la réunion annuelle de physique des plasma de la société américaine de physique. La responsabilité étant celle de m’assurer de ne pas être le dernier, de m’assurer que d’autres jeunes de Maroua , de Buea, puissent aussi dire du leur demain dans la plus grande tribune de physique nucléaire du monde » . Le jeune camerounais côtoie les scientifiques parmi les plus illustres des Etats-Unis d’Amérique. Il va exposer devant les maîtres de la science pendant un quart d’heure. De quoi parle-t-il ? De la formule de calcul des courants auto-générés de plasma nucléaire à des fins énergétiques.
Il veut aider à résoudre les problèmes que poserait une crise énergétique mondiale déclenchée par l’accroissement de la population. « Nous voulons alimenter le monde à perpétuité en recopiant un soleil artificiel dont on pourra utiliser l’énergie pour générer de l’électricité », explique-t-il dans le portrait que lui consacre courant février 2018 la télévision camerounaise Canal 2 international. Gros projet, vaste programme en somme pour ce « cerveau » qui a franchi les paliers de la connaissance scientifique à force de travail, de sacrifices, passionné qu’il est par la physique. « Croyez en vos rêves, croyez en vous. Et travaillez tous les jours sans relâche pour les réaliser. Avec de la passion, avec de l’amour, on réalise toujours nos rêves », conseille cet espoir de la science dont l’histoire ressemble fort à un joli conte de fées.
Former d’autres es physiciens au Cameroun
Arsène Stéphane Tema Biwolé naît le 15 juin 1992 à Bafoussam, le chef-lieu de la région de l’Ouest, au Cameroun. Il est élevé avec son frère aujourd’hui engagé sur le front de la guerre contre Boko Haram, par une mère démunie. Celle-ci se bat comme elle peut pour subvenir aux besoins de ses rejetons. Bien que le quotidien soit difficile, Arsène s’accroche. Il assouvit pleinement sa passion pour les sciences physiques. Parfois, faute d’électricité, celui qui dit avoir toujours rêvé de devenir physicien étudie ses leçons près du feu de la cuisine maternelle. Ses efforts seront récompensés plus tard. Après avoir obtenu son baccalauréat l’ambassade d’Italie lui offre une bourse qui lui permet de poursuivre ses études à l’université polytechnique de Turin. Le seul camerounais inscrit en science nucléaire en sortira nanti d’un diplôme en ingénierie nucléaire. Avec les appréciations des professeurs s’il vous plaît !. « J’avais promis à ma mère que je la rendrais fière de moi », dira-t-il plus tard.
Actuellement, Arsène vit aux Etats-Unis. Il est chercheur à la General atomics (GA). Son travail là-bas l’aidera à boucler sa thèse de maîtrise que parraine le ministère de l’Energie des Etats-Unis d’Amérique. Il aimerait plus tard venir enseigner la physique chez lui, au Cameroun. Son souhait est d’outiller les plus jeunes et les aider à devenir des sommités mondiales de la physique. Tema Biwole a déjà entamé sa carrière d’enseignant. « J’ai commencé à réaliser mon rêve. J’ai enseigné la mécanique classique, l’électricité et le magnétisme aux étudiants africains de première année et deuxième année inscrits à l’université polytechnique de Turin. Les conférences étaient gratuites et visaient à encourager les talents africains dans les sciences et l’ingénierie », a révélé ce prof détenteur de solides connaissances en informatique, en prolifération nucléaire, en ingénierie nucléaire, en dynamique des fluides numériques par exemple.
Notre héros ne se contente pas de faire de la recherche en Amérique. Il travaille au sein d’une université dont il préfère ne pas donner le nom. Côté vie privée, il a vient de connaître un moment de bonheur. Début mars 2018, le physicien a convolé en justes noces à Turin avec sa fiancée. Elle sera un soutien de poids pour ce crack appelé à relever de nombreux défis.
Ecrit par Pierre Arnaud Ntchapda