Le contentieux qui oppose le groupe français Cfao à des propriétaires terriens de Yaoundé menace de rebondir en France. Le groupe Cfao, avec lequel Carrefour est partenaire en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, fait toujours face à plusieurs actions en justice au Cameroun.
Elles sont intentées par des propriétaires terriens du centre-ville de Yaoundé, où le géant français de la grande distribution a ouvert un centre commercial, en juillet 2022. Un collectif de plaignants affirme avoir été illégalement exproprié, en novembre 2016, des terres sur lesquelles s’élève aujourd’hui le bâtiment.
En effet, les plaignants, défendus par Me Joseph Antoine Onambélé et assistés officieusement par des avocats français, n’excluent pas de saisir la justice hexagonale afin d’obtenir réparation. Les autochtones, en l’occurrence Mvog Ela et Mvog Mbia Tsala des tribus originaires de la ville de Yaoundé, réclament la propriété du site sur lequel la boutique Carrefour s’est érigée au lieudit Ekoudou, en face du Palais polyvalent des sports de Yaoundé.
Les supposés propriétaires brandissent un titre foncier sur ce terrain de plus 4 hectares délivré en 1948. Ceux-ci contestent la validité des baux emphytéotiques attribués au groupe en 2017, après l’émission du décret d’expropriation signé par l’ancien premier ministre Philémon Yang. Ils ont notamment fait valoir que lesdits beaux n’avaient pas reçu le visa de la présidence de la République, sésame obligatoire pour des projets de cette ampleur.
Selon le journal Jeune Afrique, dans son numéro 3040 du 14 au 20 avril dernier, le bail emphytéotique (d’une durée de 18 à 99 ans) accordé par l’Etat du Cameroun au consortium français pourrait être annulé par la justice grâce au recours en excès de pouvoir introduit par les premiers propriétaires du site.
Les familles autochtones qui réclament la propriété du terrain litigieux sur lequel se trouve ce projet avaient été délogées en 2008 par la communauté urbaine de Yaoundé, qui y avait installé une base vie de l’entreprise française Razel, qui réalise divers travaux d’aménagement urbain à Yaoundé; c’est-à-dire, huit ans avant la signature par l’ex-Premier ministre Philemon Yang, le 14 novembre 2016, d’un décret portant expropriation de ces familles pour cause d’utilité publique.