Malabo et Libreville se déchirent depuis les années 1970, au sujet de trois îlots riches en pétrole. L’affaire a été portée devant la Cour internationale de justice (CIJ). L’instance judiciaire internationale est chargée de déterminer les textes juridiques applicables pour ce litige à fort enjeu économique et stratégique.
Selon le magazine spécialisé Energynews, la querelle porte sur trois îlots, Mbanié, Cocotier et Conga, situés dans une zone maritime potentiellement riche en hydrocarbures. Le journal qui en ligne précise que « le litige s’inscrit dans un contexte de compétition énergétique, où les deux nations cherchent à asseoir leur influence régionale en sécurisant les ressources naturelles ».
Conscients des risques de ce conflit, les deux pays frères ont porté l’affaire devant la CIJ en 2016, dans l’espoir de trouver une solution pacifique.
L’on apprend qu’ « à l’origine de la dispute se trouve un accord signé en 1900 entre la France et l’Espagne, alors puissances coloniales respectives du Gabon et de la Guinée équatoriale. Ce document, censé fixer les frontières maritimes entre les territoires, a rapidement montré ses limites. En 1974, une nouvelle convention, dite de Bata, aurait été conclue pour clarifier la situation, mais la validité de cet accord est contestée par la Guinée équatoriale ». Selon Malabo, cité par le journal, « le document présenté par le Gabon lors de négociations en 2003 n’est qu’une photocopie non authentifiée, ce qui soulève des doutes sur son caractère officiel ».
Le différend porte sur la délimitation des frontières maritimes, mais les enjeux vont bien au-delà de la souveraineté territoriale. Le Gabon, qui occupe actuellement les îlots, soutient que sa souveraineté est établie par la convention de Bata, tandis que la Guinée équatoriale accuse Libreville d’occupation illégale depuis 1972.
Depuis quelques temps, les audiences, qui se déroulent à La Haye, marquent une étape cruciale pour ces deux États d’Afrique centrale. Le Gabon, qui doit présenter ses arguments dans les prochains jours, pourrait voir sa position affaiblie si la CIJ donne raison à la Guinée équatoriale. À l’inverse, si la validité de la convention de Bata est reconnue, Libreville conforterait sa domination sur ces îlots stratégiques.
Domingo Mba Esono, vice-ministre équato-guinéen des Mines et des Hydrocarbures, a affirmé devant la CIJ que le Gabon n’a jamais été capable de présenter une version originale de la convention de Bata. De son côté, le Gabon continue de soutenir que ce document, bien qu’il soit une copie, reflète un accord formel entre les deux États. Le tribunal devra donc décider de la validité de ces pièces pour établir le cadre juridique applicable à ce conflit.
Essama Aloubou