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Abidjan/ Fulbert Yao

Côte d’Ivoire: L’essor du numérique étouffe les horlogers traditionnels

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Abidjan/ Fulbert Yao
Abidjan/ Fulbert Yao

Contrairement à la majorité de ses congénères, Abdoulaye Kouandan, horloger traditionnel, tenant un petit commerce à Abidjan, « déteste » la révolution numérique. Celle ci l’a en effet « privé d’une grande partie de sa clientèle ».

Exerçant ce métier depuis une trentaine d’années, Abdoulaye a réparé des centaines de montres de marques prestigieuses, assure-t-il fièrement, se désolant qu’aujourd’hui « ce savoir faire perd du terrain face à l’émergence du numérique ».

Kouandan n’est pas le seul à faire face à une telle situation, la quasi majorité des horlogers traditionnels ivoiriens y sont confrontés. Beaucoup ont décidé de changer de métier et les quelques autres qui ont choisi de continuer à le faire, peinent à joindre les deux bouts.

Situé dans la partie sud de la capitale ivoirienne, l’atelier d’Abdoulaye Kouandan est plongé dans le noir, sans affiche ni enseigne, il n’est visible que pour les habitués. Un pendule datant d’une autre époque, une table et deux chaises en plastique, trônent à l’intérieur de la pièce.

Ici, le tic-tac des aiguilles, semble s’être arrêté. Les montres à réparer qui s’empilaient sur le comptoir ont disparu. Les clients ne se bousculent plus.

« Il n’y a plus rien à faire ici, pas de travail, plus de clients », se désole, l’artisan sexagénaire, notant qu’ « avec l’avènement des téléphones portables, ordinateurs, tablettes, et autres radios numériques qui affichent l’heure, l’horlogerie traditionnelle a sombré dans les oubliettes ».

« Nous n’arrivons plus à gagner ne serait ce que 1000 FCFA (1,6 dollar) par jour dans les réparations. Parfois, nous passons des jours, sans voir aucun client », ajoute-t-il encore.

« Il y a quelques années, je réparais une dizaine de montres par jour. Mais depuis un certain temps, tout est difficile, il n’y a plus de clients», renchérit pour sa part Kasssouindé, un autre horloger qui évoque « l’inondation du marché par les montres digitales vendues à bas prix entre oscillant entre 1500 et 3500 f (2,42 et 5,6 dollars) ».

Face à cette situation devenue « insoutenable », beaucoup d’horlogers ont rangé leurs outils sous le paillasson pour se consacrer à d’autres activités florissantes.

Après deux ans passées à réparer les montres, Ernest Tah, 43 ans, s’est reconverti dans la vente de chaussures, une activité qui lui permet de vivre convenablement dit-il.

Pour suivre le rythme de l’évolution numérique, Cyrille Essan, 39 ans, a préféré, pour sa part, tenter sa chance dans la réparation des ordinateurs et autres appareils électroménagers.

«Je m’en sors bien. Je gagne quotidiennement 15.000 FCFA (24,2 dollars) voire 35.000 FCFA (56 dollars). C’est un métier juteux», avoue-t-il.

Cette situation s’est, par ailleurs, accompagnée par un désintérêt palpable des jeunes pour la formation en horlogerie. Dans le centre de formation en horlogerie d’Abidjan, seule école du genre en Afrique francophone, les jeunes ne se bousculent guère, avoue sa directrice, Kouakou Akissi.

Derrière ce manque d’engouement, l’inadaptation de la formation et des techniques qui ne correspondent plus à l’évolution du marché, explique-t-elle, estimant qu’il est essentiel de préparer la main-d’œuvre aux bouleversements entraînés par la révolution numérique.

« Sans une action dès aujourd’hui pour gérer cette transition, le gouvernement doit faire face à un chômage en hausse et à des inégalités. Il faut créer une main d’œuvre avec des compétences pour l’avenir. Il faut aussi penser à mieux communiquer sur les métiers traditionnels tout en les adaptant aux évolutions actuelles », note-t-elle encore.

S’exprimant fin février dernier en marge du Congrès mondial du mobile, le ministre ivoirien de l’économie numérique Bruno Nabagné Kone, avait souligné que même s’il bouleverse les emplois traditionnels, le secteur des nouvelles technologies offre près de 200 mille emplois directs et indirects en Côte d’Ivoire.

Le secteur de l’internet et de la téléphonie mobile représente entre 7 à 8 % du PIB, avait-il précisé.

 

N.B: l’article a deja été publié sur le site http://www.aa.com.tr/fr

 

Fulbert WOILE YAO ( Côte d’Ivoire )

Cet article est en lice pour la première édition du Concours « Ils Font l’Afrique IFA ». Laissez un commentaire pour voter pour cet article.




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