BizME.fr Freelances, plus forts ensemble.
Accueil / Africa top success / Diaspora togolaise/Koffi Nyazozo: « il faut accentuer les rencontres de proximité afin que le Togo tout entier réponde le jour du dernier appel »

Diaspora togolaise/Koffi Nyazozo: « il faut accentuer les rencontres de proximité afin que le Togo tout entier réponde le jour du dernier appel »

Partagez ceci :

Koffi Senam Nyazozo, une des figures de la diaspora togolaise du mouvement citoyen « TOGO DEBOUT », qui se mobilise depuis plus de six mois pour soutenir le peuple en lutte pour l’avènement de la démocratie, a bien voulu répondre à nos questions.

ATS : Bonjour Koffi Senam Nyazozo et merci d’avoir accepté répondre à nos questions

Koffi Senam Nyazozo : C’est moi qui vous remercie.

Tout d’abord qui est Kofi Koffi Nyazozo ?

Je suis juriste-conseil en droit public-privé, accessoirement conseiller en communication politique et membre du Mouvement Citoyen Nubueke. Togolais avant tout.

Depuis le début de la crise politique actuelle, la diaspora togolaise est restée debout et multiplie les initiatives. En tant que l’un des responsables du Mouvement Togo-Debout (France), pouvez-vous nous faire un petit bilan des actions menées depuis 6 mois déjà ?

L’un de nos objectifs est de faire la publicité de l’oppression que subit le peuple togolais. Des manifestations ciblées à cet effet, ont été initiées en soutien à nos concitoyens sur le terrain, afin de provoquer des décisions officielles et claires de la France en particulier, sur la situation que traverse notre Pays. Nous pouvons donc en premier lieu relever que ces manifestations ont contribué à l’annulation de la rencontre interministérielle initialement prévue par l’OIF à Lomé.

Secondement, les actions de lobbying combinées ont également conduit à la reconnaissance historique par la France, de la présence de milices appuyées par les forces armées togolaises, dans leur répression aveugle accentuée contre nos compatriotes depuis le 19 août 2017. A présent, nous concentrons nos forces sur la démultiplication des rencontres de proximité à l’effet d’éclairer celles et ceux qui, jusqu’alors sont indécis ou sceptiques ainsi que les concitoyens de notre pays d’accueil afin de muscler l’entrejeu de nos initiatives.

Cette démarche vise par ailleurs à obtenir avec l’appui des électeurs français ou binationaux :

– une transparence dans les accords de défense entre la France et le Togo,

– l’insertion d’une clause de conditionnalité démocratique dans ces accords

– la suspension des accords susvisés…

Etant précisé que le départ de M. Faure Gnassingbé n’est qu’une étape dans notre processus. Puisque, notre objectif final est de pouvoir offrir une alternative crédible à nos compatriotes, à notre postérité.

Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que vos actions multiformes ont eu un impact considérable pour l’évolution de la situation ?

Nos actions à nous seuls ne peuvent avoir un impact considérable sans celles initiées sur le terrain. Rappelons que le peuple togolais a fait le choix historique d’ouvrir deux fronts dans son combat pour l’avènement d’un Etat de droit. L’enjeu est donc d’arriver à mutualiser nos énergies de sorte à obtenir un résultat pour le Togo, notre bien commun. Nos actions multiformes s’inscrivent donc dans cette optique. En découdre avec 50 ans de prédation et de fracture sociale. Puis, démontrer qu’après le règne des princes, celui du peuple ne générera pas le chaos.

Six mois après le début de cette crise, les protagonistes se sont mis d’accord pour se retrouver autour d’une table de discussion sous la médiation du Ghana et de la Guinée. Tout d’abord quel appréciation faites-vous des différentes démarches de la médiation ?

Les démarches de la médiation s’inscrivent dans la politique « d’une appropriation de la question africaine ». C’est-à-dire que pendant longtemps, et plus récemment en Côte d’ivoire nous avons assisté et décrié le rôle que la France a eu à jouer dans l’accession au pouvoir du président Alassane OUATTARA. La France voire la Communauté internationale, a donc fait le choix au menu de sa politique étrangère d’agir en arrière-plan. Cette action vise donc à donner la priorité aux institutions régionales, de gérer les crises socio-politiques. L’exemple le plus récent sur ce point demeure le cas Gambien et anciennement celui de la Guinée Bissau.

Les médiations initiées en faveur du Togo répondent donc à cette logique. L’enjeu pour la médiation est à présent d’arriver à sortir le Togo de son anormalité sous régionale mais de façon pacifique.

Le comité préparatoire a mis quatre jours avant de sortir le règlement intérieur. Les discussions proprement dites débute ce 19 août avec les mesures d’apaisement… est-ce que pour vous, tout ça augure quelque chose de bon, pour une sortie de crise ?

S’il faille s’en tenir à l’érection simple d’un règlement intérieur, nous serions tentés de jeter la pierre. Or, il faut observer qu’un travail acharné a été mené pour meubler ce règlement intérieur de sorte à fixer un canevas des discussions. Il me semble là que c’est une démarche cohérente qui répond à l’amorce de tout processus de négociations.

Par ailleurs, rappelons que ce dialogue a pour but de mettre en échec les 26 autres précédents. Quatre jours du comité préparatoire semblent insuffisants. Toutefois, les axes de discussion semblent réunis.

A présent, seule la satisfaction concrète des mesures d’apaisement peut mettre en perspective une éventuelle sortie de crise : le défi semble de taille.

Revenons à une question basique. Est-ce que le dialogue est la solution à cette crise qui n’a que trop duré ?

Il est clair et intrinsèquement vrai que le dialogue ne peut résoudre cette crise au regard de la stérilité des 26 précédents dialogues. A fortiori lorsque l’on sait que le Peuple Togolais doit faire le choix entre l’alternance démocratique et la perpétuation dynastique. Au surplus, il faut relever la rupture de confiance profonde entre les acteurs et surtout du peuple envers celles et ceux qui incarnent légalement mais illégitimement les institutions de l’Etat.

Toutefois, même les conflits armés en raison de leur durée et surtout du nombre de victimes conduisent à un dialogue.

Le dialogue apparait alors de fait politiquement, comme étant le sanctuaire indiqué pour arracher certains acquis.

Malgré l’implication remarquable de la diaspora à travers ses organisations elle n’est pas associée aux discussions en cours. N’est-ce pas frustrant pour vous ?

Personnellement, non. Comme je le relevais, c’est le temps des politiques. La diaspora, cette frange que nous incarnons attend aux côté du Peuple et en particulier des organisations de la société civile, afin de servir de moyens coercitifs quant à l’application immédiate et stricto sensu des décisions qui sortiront des discussions.

Nous nous posons donc en rempart contre toute décision ne consacrant pas l’intérêt du Peuple togolais. Rappelons qu’après ce dialogue, il n’y en aura plus. J’ose croire que les acteurs l’ont compris.

Bien que vous ne soyez pas associés au processus de dialogue, quelle sera votre stratégie pour que vos doléances soient prises en compte ? Qu’attendez-vous de ces discussions qui vont durer une dizaine de jours ?

Vous savez nos doléances principalement font partie intégrante des points inscrits aux discussions. Nous attendons donc un retour à la Constitution Originelle de 92, l’effectivité des réformes institutionnelles assortie de la révision du cadre électoral. Bien entendu, le droit de vote de la diaspora doit devenir réalité.

Toutefois, rappelons que 10 jours chrono en mains pour régler une crise qui dure depuis 30 ans, il faut oser. Nous attendons donc certes les résultats des échanges, mais préparons beaucoup plus l’après dialogue, c’est-à-dire l’ère des foules.

Notre stratégie ne vise donc pas factuellement la prise en compte de nos doléances, mais de celles du Peuple Togolais. Et pour ce faire, notre stratégie mise plus sur la prise en compte de l’étape d’après.

Quel message avez-vous à l’endroit de vos frères qui sont au pays et mobilisés depuis plus de six mois pour arracher le changement, mais aussi à l’ensemble de la classe politique.

Je les encourage à se remobiliser les uns et les autres dans la sérénité. Nous terminerons ce que nous avons commencé de gré ou de force. Dès lors, il faut accentuer les rencontres de proximité afin que le Togo tout entier réponde comme un seul homme le jour du dernier appel. Gardons à l’esprit que « …l’action des foules est l’unique force que rien ne menace et dont le prestige grandit toujours… »




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Traduction »