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Dr Jean Gnagnon «les protagonistes devraient prendre aussi en compte la problématique du statut des anciens présidents »

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Le vent de la démocratisation du Togo permet l’émergence de nouvelles têtes sur la scène politique. On constate une floraison de mouvements et partis politiques parmi lesquels vient de naître « Les sentinelles de la République». Dr Jean Emmanuel Gnagnon Coordonnateur Général adjoint chargé de la communication du mouvement également Secrétaire National chargé de la Communication des Forces Démocratiques pour République (FDR) nous parle dudit mouvement.

Bonjour Docteur
Bonjour Monsieur le Journaliste

Avec d’autres jeunes, vous avez lancé récemment le mouvement « Les Sentinelles de la République ». Qu’est-ce qui a motivé la création de ce mouvement ?
Nous avons effectivement porté sur les fonts baptismaux, le 06 mars 2018, le mouvement « Les Sentinelles de la République » constitué par des jeunes venus de divers horizons (partis politiques, associations et organisations de jeunes, individus, etc.) ayant conscience du rôle majeur et incontournable que joue et peut encore jouer la jeunesse togolaise dans la construction et le renforcement de l’Etat de droit dans notre pays.
En effet, depuis l’avènement de la lutte pour les indépendances, en passant par celui du processus de démocratisation dans notre pays, les jeunes ont toujours fait preuve de courage, de sacrifice et de grande volonté de liberté, en s’associant de façon marquante aux grandes luttes et débats pour la démocratie.
Il s’agit alors d’une réponse à l’appel du devoir face à une déliquescence spectaculaire de la situation sociopolitique dans notre pays, à l’effritement des valeurs républicaines et à une forme de marginalisation des jeunes du jeu et des enjeux politiques. Aujourd’hui encore, notre génération a l’obligation de prendre son destin en mains en choisissant de contribuer de façon plus décisive au redressement du système politique en lien avec les principes inaliénables de la démocratie.
C’est pourquoi le mouvement « Les Sentinelles de la République » entend poursuivre les trois objectifs suivants : agir pour la réalisation et l’enracinement de l’alternance politique et de l’Etat de droit ; défendre et promouvoir les valeurs républicaines ; encourager et promouvoir l’engagement et le leadership politiques des jeunes.
Nous estimons d’ailleurs que le mouvement est né au moment indiqué ! Vous mesurez certainement l’envergure de la crise politique qui prévaut actuellement dans notre pays, où les chances d’une résolution rapide et définitive semblent s’amenuiser pour donner place à une forme d’enlisement qui ne dit pas son nom. Je ne veux pas revenir ici sur le blocage du dialogue ouvert le 19 février sous les bons auspices du président du Ghana, son Excellence Nana Akufo-Addo. Je voudrais dire tout simplement que devant une telle situation, la jeunesse est interpellée, en dehors de toute considération partisane. Le temps me semble actuellement ne plus être approprié pour la défense des chapelles politiques et encore moins des idéologies d’affirmation individualistes. C’est vous dire que la jeunesse doit se mettre ensemble, sans distinction aucune, pour prendre ses responsabilités politiques et citoyennes dans l’esprit d’une double mission, comme nous avons l’habitude de le dire depuis peu : le devoir de vérité et celui de liberté.
Tout compte fait, le mouvement « Les Sentinelles de la République » répond aujourd’hui à un manque de structure des jeunes pour les jeunes eux-mêmes en vue de favoriser l’engagement et le leadership politiques de ceux-ci. En dehors de ce travail de promotion des jeunes, qui est d’ailleurs un des paradigmes importants du dividende démographique et des impératifs du développement, nous avons désormais l’opportunité d’amener les jeunes à veiller sur les valeurs républicaines, à devenir des acteurs politiques entièrement formés et préparés pour faire face aux défis actuels et futurs dans la gestion du pays.

Vous faites une proposition concernant le statut des anciens présidents de la République au Togo. A ce jour, êtes-vous sûrs que le message passe ?
Je vois que vous voulez parler de la Campagne 75/20-20, dont le message est « Je suis pour le statut d’anciens présidents de la République au Togo ! Je libère mon peuple ! ». Il s’agit bien évidemment d’une action de communication numérique et médiatique que nous avons lancée et dont la première phase a couvert la période du 15 au 31 mars 2018. Cette première phase a consisté à susciter le débat autour de la thématique du statut des anciens présidents de la République au Togo, à travers des actions médiatiques comme les émissions radio et télé, l’animation du débat sur les réseaux sociaux et des fora de discussion à cet effet. Nous sommes actuellement à l’étape des rencontres de plaidoyer auprès des leaders politiques, des députés à l’Assemblée nationale, des membres du gouvernement ainsi que des leaders d’opinion, pour des échanges sur la nécessité de la mise en place de ce statut.
En fait, depuis son adoption en octobre 92, la Constitution togolaise prévoit en son article 75 une disposition pour le Statut des anciens présidents de la République : « Une loi organique détermine le statut des anciens de la République, notamment en ce qui concerne leur énumération et leur sécurité ». Mais le constat est qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de statut d’anciens présidents de la République.
Face à ce fait, nous avons trouvé idoine et approprié d’œuvrer pour le vote de cette disposition ainsi que de son application effective.
Depuis le lancement de la Campagne 75/20-20, nous avons remarqué dans l’opinion nationale et internationale un grand intérêt pour la problématique du statut des anciens présidents de la République au Togo. Beaucoup ont estimé qu’une telle disposition pourrait aider à trouver une solution à la crise politique actuelle. Nombreux sont également ceux qui ont reconnu qu’une telle problématique n’a véritablement plus fait l’objet d’un quelconque débat depuis l’adoption de notre Constitution en 92.
C’est le lieu pour nous de remercier les partenaires de cette campagne pour leur implication et leur accompagnement. Nous pouvons nous réjouir que le message est vraiment passé et a occupé largement les espaces médiatiques au cours de ces dernières semaines.
Comme je l’ai mentionné plus haut, nous sommes maintenant à l’étape des rencontres de plaidoyer. Dans ce sens, nous avons déjà rencontré certains députés et hommes politiques que nous considérons comme des cibles intermédiaires.
Je puis donc vous assurer que le débat sur le statut des anciens présidents de la République est lancé au moment opportun pour permettre, en tout état de cause, de contribuer à la résolution de la crise politique qui perdure.
Pour le mouvement « Les Sentinelles de la République », M. Faure Gnassingbé, qui est en train de faire son troisième mandat, peut dignement passer la main à une nouvelle génération en 2020 et devenir un ancien président consultable qui inspirera la jeunesse. Je pense que cela n’est pas impossible puisque nous devons prouver à suffisance notre amour pour ce beau pays qu’est le Togo. M. Faure Gnassingbé a fait de son mieux en treize années de règne et les deux ans qui lui restent, doivent être consacrés à préparer sa succession sans heurt ni tambour.
On sait qu’en tant que Coordinateur Général adjoint du mouvement « Les Sentinelles de la République », vous faites également partie des FDR.

Quelle est la relation entre le mouvement et les FDR ?
Excusez- moi d’avoir souri à la vue de cette question ! Vous allez alors peut-être aussi chercher à savoir la relation entre toutes les associations et organisations de jeunes, d’autres partis politiques et le mouvement !
Je pense que je vous le faisais savoir en début de propos : le mouvement « Les Sentinelles de la République » est constitué de personnes venues de divers horizons pour mener une action citoyenne.

Il y a de cela deux mois qu’un dialogue s’est ouvert entre la C14 et le pouvoir. Aujourd’hui, les choses semblent bloquées. Quelle est la lecture que votre mouvement fait de la situation ?
Je pense que le suspense sur ce dialogue se prolonge indéfiniment et malheureusement. Ce 27eme dialogue devrait être la dernière de toute la série ; celui qui devrait permettre de régler définitivement la crise politique dans notre pays. Sans ambages aucun, disons que la situation que les populations togolaises vivent actuellement, est tout simplement douloureuse. L’attente est trop longue !
La vertu du dialogue devrait l’emporter sur tout, et chaque partie devrait y aller en pensant d’abord à l’intérêt supérieur du peuple togolais. Nous pensons que malgré toutes les difficultés, il est de l’intérêt de tous que des solutions soient trouvées par voie de dialogue et de consultations. Le mouvement « Les Sentinelles de la République » privilégierait ces voies. Cependant, n’oublions pas que lorsqu’un peuple a le dos au mur, il réagit autrement ! Ce qui est aussi légitime.
Par ailleurs, le défi lié à la réussite du dialogue pourrait être aussi le statut de facilitation initialement donné au président ghanéen au lieu de médiation. En effet, en tant que facilitateur, on ne peut qu’aider par des conseils les parties prenantes à s’accorder tandis que le médiateur peut aller au-delà des conseils pour de plus fermes recommandations.
Maintenant que deux médiateurs sont officiellement nommés en les personnes des présidents Alpha Condé et Nana Akufo-Addo, il est possible qu’un travail plus soutenu et plus délibératif se fasse.
Dans tous les cas, reconnaissons que cette crise a véritablement trop duré et que nous ne devrions plus perdre du temps !

Quelles seraient vos propositions dans le but de décanter la situation ?
Je pense que tout le monde est d’accord pour les réformes institutionnelles et constitutionnelles et c’est un point positif. A présent et pour l’heure, le mouvement « Les Sentinelles de la République » invite les protagonistes à prendre aussi en compte la problématique du statut des anciens présidents de la République. Nous osons croire que la mise en place d’un tel statut pourrait être l’un des vecteurs importants d’une alternance pacifique.
L’article 75 de la Constitution togolaise, quoi qu’il en soit, est une disposition qui pourra être une alternative où les relents politiques seraient atténués, et la vie après le pouvoir serait une garantie. Peut-être que le débat devrait maintenant intégrer ce point !

Si vous avez un mot de fin à l’endroit des lecteurs…
Bien évidemment ! Mais tout d’abord vous remercier pour cette opportunité que vous nous avez offerte !
A l’endroit des lecteurs, je dirai tout simplement que notre aventure commune exige de nous le devoir de protéger le vivre-ensemble qui doit rester malgré tout inviolable. Notre nation connaitra un avenir radieux et nous allons y parvenir !
Après 58 ans d’indépendance, nous ne devrions pas être là à nous tirailler sur des questions comme la limitation de mandats, le mode de scrutin, qui sera candidat ou qui ne le sera pas ! Ces éléments devraient normalement être des acquis depuis fort longtemps pour qu’aujourd’hui, nous ne parlions que de développement, de progrès, de prospérité. Hélas !
C’est pourquoi je pense que devant le spectre d’une telle situation scabreuse, la jeunesse doit son salut à une dynamique d’actions unitaires.
Jeunes togolais, sans distinction d’appartenance aucune, mettons-nous ensemble pour sauver notre génération ! Nous sommes la solution !

Je vous remercie.




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