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Elections au Kenya: une journée de vote sous haute tension

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Elections KenyaAprès une campagne marquée par des violences, les Kenyans votent depuis ce matin pour départager Uhuru Kenyatta et Raila Odinga. 150 000 agents des forces de sécurité sont déployés dans le pays, près de 10 ans après la crise post-électorale de 2007. Les 20 millions de Kenyans appelés aux urnes devront glisser 6 bulletins différents pour élire leur président, ainsi que les parlementaires, les gouverneurs et leurs représentants locaux.

Dans la cour d’une école du bidonville de Kibera, des centaines de personnes font la queue devant les bureaux de vote. Les gens sont venus très tôt, dès 3 ou 4 heures du matin. Un électeur a même assuré à RFI qu’il était là depuis la veille à 18h et qu’il a attendu sans dormir devant les grilles toute la nuit.

Les bureaux ont ouvert à peu près à l’heure et dès qu’une minute de retard était constatée, les électeurs se mettaient à crier, à siffler, à se presser devant les portes. Des cris aussi pour les resquilleurs tentant de couper les files d’attente.

La Commission électorale sous pression

Un responsable de la Commission électorale indépendante (IERC) a confié qu’il était stressé, que la pression était forte autour du système informatique, les fameuses tablettes KIEMS qui identifient chaque électeur biométriquement et qui plus tard transmettront les résultats.

Une présidente de bureau a expliqué que de petits ralentissements étaient constatés car certains doigts étaient sales, ce qui pose problème pour reconnaître l’empreinte digitale.

Mais globalement, les électeurs rencontrés par RFI ont pu voter sans problème. « Tout s’est bien passé, j’ai voté en quelques minutes. Le système a fonctionné et j’ai confiance », assure Vincent, un électeur.

« Je suis très heureux d’avoir accompli mon devoir, je vais rentrer chez moi, prendre une douche et attendre les résultats devant la télé », raconte Okoué. Un autre indique que le vote a été un peu plus long pour lui parce qu’il est daltonien il n’arrivait pas à distinguer les couleurs des urnes.

En tout cas, à Kibera, qui est une zone à risques, tous répètent qu’ils sont prêts à accepter les résultats du moment que le système fonctionne, car aucun ne veut revivre les violences de 2007 qui sont encore dans toutes les mémoires.

À Kisumu, bastion de l’opposition

Dans la ville de Kisumu, bastion de l’opposition, les votants se sont déplacés en nombre, parfois dès 4 heures du matin, pour se rendre aux urnes. Avec une idée en tête : « Voter pour le changement », disent-ils.

En 2013, 98% des habitants de ce comté de Kisumu avaient voté pour Raila Odinga. Et pour ce scrutin, à nouveau, l’engouement pour le chef de l’opposition s’affiche dans toute la ville. Ce mardi matin, klaxons et sifflets retentissaient dans les rues.

Un état d’esprit décrit par John : « Cette année, nous avons deux options : gagner ou ne pas perdre », glisse ce jeune homme de 25 ans, qui patiente depuis trois heures dans la file d’attente d’un bureau de vote du centre-ville.

Deux blocs s’opposent après une campagne très tendue

D’un côté, le président au pouvoir depuis 2013, Uhuru Kenyatta, et son parti Jubilee. En face, la coalition NASA menée par l’opposant historique Raila Odinga, qui se présente pour la quatrième fois à une présidentielle. Deux groupes appartenant à des ethnies différentes, à des familles kényanes très influentes, et depuis 50 ans, adversaires politiques.

Dans les dernières semaines avant le scrutin, Uhuru Kenyatta et son principal opposant Raila Odinga se sont talonnés dans les sondages. Tous deux ont conduit des campagnes marathon pour tenter de s’assurer une victoire au premier tour, promettant chacun de battre son adversaire d’au moins un million de voix.

Si Uhuru Kenyatta perd, il sera le premier président kenyan à n’effectuer qu’un seul mandat. Un coup dur pour sa carrière politique. Pour Raila Odinga qui, à 72 ans, se présente pour la quatrième fois, c’est l’élection de la dernière chance.

Craintes de dysfonctionnements

La campagne s’est déroulée dans un calme relatif, mais la tension est montée d’un cran, la semaine dernière, avec l’assassinat de Chris Msando, le directeur du pôle technologique au sein de la Commission électorale. La fin de campagne a été marquée par des invectives et des suspicions de part et d’autre.

Et, deux jours avant le vote, la Commission électorale a annoncé qu’un quart des bureaux de vote n’avait pas accès à internet pour transmettre les résultats. Même si un plan B a été mis en place, l’annonce a éveillé les soupçons. Le bon déroulement du scrutin dépend en effet du bon fonctionnement des kits électroniques d’identification des votants et de transmission des résultats.

Lors des dernières élections en 2013, ces kits n’avaient pas fonctionné dans de nombreux bureaux de vote et cela avait soulevé des soupçons de fraude. Dix ans après les violences post-électorales de 2007-2008, qui avaient fait plus de mille morts, le pays retient donc son souffle aujourd’hui.

L’appel au calme des anciens présidents

Plusieurs milliers d’observateurs sont dans le pays pour surveiller le processus, notamment des représentants de l’Union africaine et du Commonwealth. Leurs chefs de délégation, l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki et l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama, ont voulu lancer un message d’apaisement.

Thabo Mbeki a assuré garder confiance dans le système électoral mis en place au Kenya. « Les risques de fraude ont été soulevés publiquement. La commission nous a assurés de la fiabilité de l’infrastructure. Un test grandeur nature impliquant tous les acteurs a été conduit et le système a fonctionné », insiste l’ancien président sud-africain. « Nous n’avons aucune raison de penser qu’il ne marchera pas le jour J. »

John Dramani Mahama a, de son côté, appelé les Kényans à la patience en cas de raté du système. Il a également rappelé à quel point la réaction des leaders politiques allait être déterminante : « Tous ont une responsabilité pour reconnaître que la violence n’est pas une option. Il faut être courtois dans la victoire, comme dans la défaite. On ne peut pas avoir deux présidents, deux gouverneurs ou deux sénateurs pour un même poste. 90% des candidats vont perdre. Leur comportement dans la défaite sera crucial. »

Thabo Mbeki : « Nous ne prenons pas l’avion après le vote »

Le Ghanéen a appelé les Kényans à ne pas se laisser manipuler ou entraîner dans la violence. En tout cas, si la situation se tend, Thabo Mbeki a insisté sur la disponibilité des observateurs : « Nous ne prenons pas l’avion après le vote. Donc même à titre individuel, s’il y a un quelconque besoin d’intervention, nous serons là. » Il a également évoqué les mécanismes existants en cas de litige, rappelant que l’Union africaine et le Commonwealth seront informés de tout manquement éventuel aux règles démocratiques.

L’ancien président américain Barack Obama – dont le père était kényan – a tenu à adresser lundi un message aux dirigeants. Il les appelle à « rejeter la violence et à respecter la volonté du peuple ».

Source: Rfi.fr




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