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Ethiopie : polémique autour d’un nouvel état d’urgence

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Les populations ont fini par s’y habituer. Le gouvernement éthiopien a annoncé ce vendredi 16 février un état d’urgence, six mois après la levée du dernier. Cette annonce n’a pas surpris dans le pays. Elle intervient suite à la démission de Hailemariam Dessalegn qui dirigeait le gouvernement depuis 2012.

« Afin d’être en mesure de protéger le système constitutionnel, l’instauration de l’état d’urgence est devenue nécessaire », expliquent les autorités. Selon les informations lues sur la télévision nationale EBC, l’état d’urgence devrait durer six mois. Avant son entrée en vigueur, les élus du peuple vont d’abord valider la décision du gouvernement. Les députés étudieront les raisons avancées par le gouvernement et feront un vote.

Même si la constitution du pays donne la prérogative au gouvernement de décréter l’état d’urgence, plusieurs personnes expliquent que les autorités éthiopiennes en abusent. Ils expliquent aussi que cette décision sert souvent de justification aux violations des libertés humaines et à des pratiques anti-démocratiques de la part des dirigeants. En réalité, durant l’état d’urgence, le gouvernement voit ses « moyens de commandement renforcés ».

Le gouvernement peut au nom de l’état d’urgence prendre des décisions inhabituelles. Des longs couvre-feux peuvent par exemple être instaurés. Des perquisitions sans mandats peuvent être faites et il est parfois interdit aux populations de sortir d’un périmètre donné pour des raisons de sécurité. Des réseaux sociaux sont aussi dans certains cas censurés.

Réaction de l’opposition

Des partis politiques ont déjà dénoncé cette décision. C’est le cas de Oromo Federalist Congress (OFC) dirigé par Merera Gudina. L’opposant explique qu’il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle et que cela va accentuer la crise dans le pays. « Je ne pense pas que ce soit de nature à régler quoi que ce soit de la crise politique que traverse ce pays. L’état d’urgence signifie qu’on t’empêche de faire tes activités, on les réduit. J’ai par exemple été détenu parce qu’ils ont dit que je n’avais pas respecté l’état d’urgence en voyageant en Europe pour être auditionné par le parlement européen. Détentions, tueries. vous savez des milliers et des milliers d’Oromos ont été détenus à cause de l’état d’urgence donc ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle. », a-t-il ajouté.

Des organisations internationales de défense de droits de l’homme ont exprimé elles-aussi leurs inquiétudes. Lors du dernier état d’urgence, Human Rights Watch avait dénoncé des détentions arbitraires, des violations de libertés humaines ainsi que des poursuites judiciaires sans fondement. Précisons que depuis plus d’un an l’Ethiopie vit une stabilité qu’elle avait perdue pendant 25 ans. Le pays a en effet subi des troubles marquées par des manifestations contre le gouvernement. Elles ont été réprimées avec plusieurs morts parmi les ethnies des Oromo et des Amhara qui estiment être marginalisées.

Depuis, l’Etat s’emploie à décrisper la situation sous la houlette de Hailemariam Dessalegn, Premier ministre désormais démissionnaire. Des défenseurs de droits de l’homme ont été libérés dans ce cadre. Des opposants politiques et des journalistes ont également recouvert leur liberté ces dernières semaines.




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