Dans un contexte économique fragile, le nouveau gouvernement gabonais dirigé par Brice Oligui Nguema fait preuve de courage en dévoilant un projet de loi de finances 2025 ambitieux.
Malgré les prévisions de baisse de la production pétrolière et du prix du baril, le budget connaît une légère hausse de 1%, atteignant 4 204,9 milliards FCFA. Cette trajectoire budgétaire reflète une stratégie à double tranchant. D’une part, elle souligne une volonté de poursuivre le développement, marquée par une augmentation notable de près de 100 milliards FCFA du budget consacré aux investissements publics. D’autre part, elle expose le pays à un risque accru d’endettement, alors que la dette actuelle pèse déjà lourdement sur les finances publiques.
Pour compenser le déclin du secteur pétrolier, le gouvernement mise sur la diversification économique, avec des hausses attendues de 7,7% pour la production de manganèse et de 3,2% pour le bois débité. En parallèle, des mesures visant à élargir l’assiette fiscale sont prévues pour renforcer les recettes de l’État.
Cependant, la répartition des dépenses suscite des interrogations. Sur les 2 996,6 milliards FCFA de recettes projetées, 82,2% seront alloués aux salaires des fonctionnaires et au service de la dette.
Les secteurs clés tels que l’éducation, la santé et les infrastructures, qui sont présentés comme prioritaires, sont peu épargnés par cette répartition.
La découverte par l’administration précédente d’une sous-déclaration de certains emprunts complique encore la situation. L’échéance des eurobonds de 605 millions USD en 2025 entraîne une pression supplémentaire sur les finances publiques.
Le gouvernement envisage d’emprunter 1 208,4 milliards FCFA afin de combler le déficit budgétaire face à ces défis. Malgré la diminution de ce montant par rapport à l’année précédente, il met en évidence la dépendance constante du Gabon envers les financements extérieurs.
S’il peut sembler indispensable à court terme pour préserver la stabilité sociale et économique, cette stratégie financière pose des interrogations quant à la durabilité à long terme des finances publiques gabonaises.