Le Ghana a connu dimanche 8 décembre, une nouvelle alternance pacifique, la 4è depuis l’an 2000. Le candidat du pouvoir a reconnu sa défaite et a appelé le vainqueur pour le féliciter.
Pourquoi cette victoire de l’opposant John Dramani Mahama ? Et pourquoi depuis 25 ans, le Ghana soit beaucoup plus stable politiquement que ses trois voisins francophones : la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Togo ?
A en croire Pierre Jacquemot, ambassadeur de France à Accra, il a publié « La démocratie à l’épreuve » aux éditions de l’Aube.
« Ce pays a une histoire singulière. Tout ce dispositif, les Ghanéens le doivent à Jerry Rawlings. C’est assez paradoxal puisque Rawlings est arrivé à la suite d’un coup d’État. Il a mis 20 ans à installer des institutions qui aujourd’hui font leurs preuves et garantissent le bon fonctionnement de la démocratie. Et puis il y a une autre réalité qui peut paraître paradoxale, c’est le poids relatif des chefferies coutumières. La colonisation britannique au Ghana était très différente de celle que la France a imposée en Côte d’Ivoire, par exemple, et les chefferies traditionnelles occupent encore un rôle important, en particulier l’Asantehene, qui est le roi des Ashanti, qui est installé à Kumasi, une personnalité exceptionnelle que j’ai eu le bonheur de connaitre, et qui joue un rôle régulateur, notamment dans la gestion des conflits intercommunautaires, par le truchement de l’écoute, de la recherche de compromis, de la responsabilisation, qui sont des données tout à fait exceptionnelles qu’on retrouve dans un pays comme le Ghana. Donc les institutions qui aujourd’hui font leurs preuves, j’en vois une très intéressante dans le programme de Mahama, c’est la place qu’il veut réserver aux femmes dans les nominations, puisque au moins un tiers de ces nominations doit être réservé à des femmes », a-t-il expliqué, dans un entretien avec RFI.