Que reproche-t-on à Ariel Henry ? Le Premier ministre haïtien aurait eu des appels téléphoniques avec l’un des principaux suspects du meurtre du président Jovenel Moïse. C’est en tout cas le grief formulé par Bed-Ford Claude, le chef du parquet de Port-au-Prince, qui a demandé mardi 14 septembre, l’inculpation du chef de gouvernement. Mais à la surprise générale, ce dernier a limogé son accusateur, le procureur de la République.
Après la mort du président haïtien Jovenel Moïse, abattu chez lui à Port-au-Prince par un commando armé le 7 juillet, Bed-Ford Claude a adressé une lettre au tribunal de première instance de la capitale mardi.
Dans celle-ci, le commissaire du gouvernement, un poste équivalent à celui de procureur, demandait au juge en charge de l’enquête sur l’assassinat d’inculper le Premier ministre, Ariel Henry.
Samedi dernier, le Premier ministre avait balayé ces accusations : « Les manœuvres de diversion pour semer la confusion et empêcher la justice de faire sereinement son travail ne passeront pas ! Les vrais coupables, les auteurs intellectuels et les commanditaires de l’assassinat odieux du président Jovenel Moïse, seront trouvés, traduits en justice et punis pour leur forfait. »
Menacé d’inculpation, Ariel Henry a limogé Bed-Ford Claude quelques heures plus tard.
« J’ai l’avantage de vous informer qu’il a été décidé de mettre fin à votre fonction », a indiqué le chef du gouvernement dans une lettre rendue publique.
Il estime que le commissaire du gouvernement s’est rendu coupable d’une « faute administrative grave ».
Dans la foulée, l’avocat Samuel Madistin déplore une politisation de la justice par les deux clans qui s’affrontent au sein du gouvernement.
Face à ce bras de fer entre la primature et le ministère de la Justice, le mystère sur les commanditaires et les motifs du meurtre du président reste entier.