La visite du président kényan William Ruto en Allemagne, les 14 et 15 septembre dernier, continue de susciter de vives réactions au Kenya. De retour à Nairobi, l’accord de partenariat sur la migration et la mobilité, signé avec le chancelier allemand Olaf Scholz, est au cœur d’une controverse grandissante. William Ruto avait annoncé que cet accord permettrait la création de 250 000 emplois pour de jeunes diplômés kényans en Allemagne. Toutefois, cette déclaration a rapidement été démentie par Berlin.
« L’accord entre l’Allemagne et le Kenya ne prévoit aucun chiffre ou quota précis de travailleurs qualifiés susceptibles d’être embauchés en Allemagne », a publié le ministre de l’Intérieur allemand sur X après que William Ruto ait quitté l’Allemagne.
Ce démenti, cinglant, jette un doute sur la communication officielle du président kényan.
L’exportation de la main-d’œuvre constitue pourtant une promesse phare du mandat de William Ruto. Dès le début de sa présidence, il avait exprimé l’ambition de permettre à 5 000 jeunes Kényans de partir chaque semaine pour travailler à l’étranger.
Sur les réseaux sociaux, l’opposant Ekuru Aukot a réagi sans ménagement, déclarant qu’il n’était « pas surpris » par ce qu’il qualifie de mensonge du président Ruto. Parallèlement, d’autres voix s’élèvent pour exprimer leurs inquiétudes quant aux clauses de l’accord, qui prévoiraient également le rapatriement au Kenya des travailleurs non qualifiés ou en situation irrégulière.
« Depuis le début de l’année, nous craignons des déportations en provenance de l’Allemagne. Plusieurs Kényans installés là-bas nous contactent déjà pour solliciter notre aide », explique Mudge Rulf, fondatrice du Diaspora Network Hub, une organisation regroupant des Kényans de l’étranger.
Malgré la controverse, les autorités kényanes maintiennent que les premiers départs de travailleurs qualifiés vers l’Allemagne sont prévus dès la fin du mois de septembre.