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La coproduction : la solution aux problèmes du cinéma africain

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Le cinéma africain se réveille de son coma profond. Les initiatives se multiplient sur le continent et le public prend goût au 7ème art. Le secteur souffre cependant d’un manque d’investissement caractérisé par l’absence de salle de cinéma. Selon les spécialistes du cinéma français, le cinéma africain  a de l’avenir malgré tous les maux dont il souffre. Dans un entretien accordé à RFI, Eric Névé, rapporteur du groupe francophonie d’Unifrance, et Jean-Christophe Baubiat, chargé des études à Unifrance, proposent la coproduction comme solution aux problèmes du cinéma africain. 

RFI: Eric Nevé, Jean-Christophe Baubiat, est-ce qu’aujourd’hui, l’Afrique terre de croissance peut être une terre de croissance aussi pour le cinéma français ?

Eric Nevé: Oui, à condition de ne pas se tromper ni d’analyse ni d’objectif, ni de manière de travailler en Afrique. Si on est persuadé que l’on va exporter nos films français facilement en ayant 50% de parts de marché, on se met le doigt dans l’œil. Le consommateur africain est comme le consommateur français, européen, belge ou argentin, il veut d’abord voir des films locaux. Donc, je pense que, certes, on va exporter un peu de nos films, mais ce qu’il faut surtout exporter c’est notre filière cinématographique: c’est-à-dire nos exploitants, nos distributeurs, nos producteurs… contribuer avec les Africains à la structuration des filières locales.

Jean-François Baubiat: Quand il y a une coproduction, le film prend la nationalité du pays coproducteur. C’est vrai que l’exportation se fera avec des films français mais aussi avec des films africains coproduits avec la France.

Comment l’Afrique peut-elle être une terre de croissance pour les films français alors qu’il y a très peu de salles en ce moment en Afrique ? Beaucoup ont fermé et certaines sont en construction.

E.N.: Il va se passer en Afrique ce qui s’est passé au Vietnam ou au Brésil, ces dix dernières années. Vous aurez une croissance économique, l’émergence d’une classe moyenne, la construction de malls [centres commerciaux; ndlr] et à l’intérieur de ces malls, des multiplex. Ça commence déjà à Dakar, le groupe Teyliom est en train d’en construire un dans un magnifique centre commercial. On va voir ce phénomène se multiplier à travers toute l’Afrique.

J.-F.B: Oui, il existe déjà une nouvelle génération de salles. Au Tchad, au Rwanda mais aussi en Côte d’Ivoire, au Mali et bientôt au Sénégal. Donc, très vite, on va avoir un petit réseau de salles numériques et c’est à travers ce réseau qu’il faut prendre l’opportunité de montrer des films dans leur diversité, à la fois des films français mais aussi des films francophones et africains, bien sûr.

La diffusion du cinéma français en Afrique ou en tout cas des films produits par la France va passer forcément par le cinéma, ou bien va-t-elle passer simplement par les tablettes numériques et les télévisions payantes ?

E.N.: Je ne suis pas madame soleil, je n’en sais rien. Mais on peut dire une chose, c’est qu’à chaque fois qu’une salle se met en place en Afrique et l’exemple du Bamemba à Bamako, géré par un exploitant très dynamique, est un exemple précis. A chaque fois, les chiffres sont excellents, le public a une véritable appétence pour le fait cinématographique. Donc, il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de salles en Afrique. Le public montre qu’il aime le cinéma. Pour l’instant malheureusement, il n’y a que des films américains!

J.-F.B: Et l’expérience cinématographique est avant tout dans une salle de cinéma. Donc, c’est vrai quand le public aura découvert le cinéma avec le numérique, la 3D, ça deviendra très vite un loisir. J’ai pu observer au Vitenam une croissance exponentielle à partir du moment où la première salle a ouvert et le succès était là. Alors que les Vietnamiens ne voyaient plus de films depuis quinze-vingt ans. On pense que ça va être la même chose dans beaucoup de pays d’Afrique et c’est déjà le cas d’ailleurs dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est anglophones.

Vous insistez beaucoup à Unifrance sur la modernité des diffuseurs africains et ça va à l’encontre de beaucoup d’idées reçues sur le cinéma en Afrique, non ?

E.N.: Oui, il y a un exemple qui est aujourd’hui éclatant, c’est la réussite de Nollywood. La réussite de Nollywood est une réussite en terme de cinéma la plus belle de la planète sur ces vingt dernières années. Ce travail est extraordinaire !

J.-F.B: Là je reviens de Dakar. Vous pouvez voir à Dakar une volonté de construire une filière cinématographique claire, affirmée avec un pays en ordre de marche. Le ministre a une vision très claire, le directeur du Centre national, pareil. En un an, depuis l’année dernière, ils ont créé un fonds d’investissement, le Fopica, pour la production des films. Ils ont lancé un grand programme de rénovation des salles. Ils sont en train de créer une cité du cinéma et de créer un CNC (centre du cinéma national) sénégalais. Cet exemple sénégalais qui pour l’instant est en pointe dans toute l’Afrique de l’Ouest, sera suivi, j’en suis certain, par les Ivoiriens, par les Congolais et, un jour, par tous les pays d’Afrique.




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