En visite à Niamey, au Niger, mercredi, le général Christopher Gwabin Musa, chef d’état-major de la défense du Nigeria, a annoncé que les deux pays s’allieront pour relever les défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés, notamment en matière de lutte antiterroriste.
Cette collaboration s’inscrit dans la volonté du Niger de réévaluer ses partenariats stratégiques dans la lutte contre le terrorisme, alors que les troupes américaines, françaises, et allemandes présentes sur son territoire commencent à se retirer.
« Ce qui est passé est passé. Nous avons compris qu’il y a des personnes qui cherchent à nous diviser pour en tirer profit. Nous ne céderons pas à ces tentatives, car notre devoir est d’assurer la sécurité de nos deux pays », a-t-il déclaré à la presse.
Cette déclaration fait référence aux tensions avec la junte nigérienne, suscitées par son annonce il y a quelques mois d’une possible intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir l’ordre constitutionnel et le président déchu Mohamed Bazoum.
Le général Musa a également promis que le Nigeria ne serait pas utilisé comme base pour déstabiliser le Niger, répondant ainsi à une plainte formulée par Niamey à l’égard de l’initiative, depuis abandonnée, de l’institution sous-régionale.
Depuis plusieurs années, une insécurité croissante affecte de vastes régions des deux pays, notamment en raison des actions de Boko Haram et de gangs de kidnappeurs basés dans le nord du Nigeria, qui utilisent le Niger comme base de repli.
Bien que le Nigeria semble relativement contenir la menace terroriste grâce à une répression armée, soutenue par une réaction militaire énergique du Tchad voisin (notamment l’opération Colère de Bohama en 2020), la situation au Niger s’est aggravée.
Ces derniers mois, le pays a été le théâtre de nombreuses attaques contre des civils et des militaires, ainsi que contre des infrastructures économiques importantes, comme le pipeline pétrolier d’Agadem. De plus, une évasion massive de criminels dangereux a eu lieu le 11 juillet à la prison de haute sécurité de Koutoukalé.
Face à l’aggravation de la situation, les autorités nigériennes ont mis en place un fichier spécial pour les personnes accusées de terrorisme, recensant ceux coupables de « commission, planification, soutien ou facilitation d’actes terroristes, menace à la stabilité de la nation, port d’armes contre l’État, collusion avec une puissance étrangère visant à entreprendre des hostilités contre l’État, atteinte à la loyauté des forces armées et diffusion de propos susceptibles de troubler l’ordre public ».
Ce n’est pas la première fois que des pays de la sous-région ouest-africaine envisagent d’unir leurs forces contre le terrorisme. En novembre 2022, l’Initiative d’Accra a réuni le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Mali, le Niger, ainsi que le Nigeria et l’Union européenne, afin de coordonner les stratégies contre la propagation du jihadisme violent dans le Sahel et le Golfe de Guinée.
Si ce partenariat se concrétise, il pourrait considérablement renforcer les capacités du Niger à lutter contre les groupes jihadistes actifs dans la zone sahélienne et qui ciblent ses populations.