Au Liban, la situation se complique. Alors que l’on pensait à un moment de calme susceptible de se prolonger, une frappe aérienne vient dramatiquement modifier le cours des évènements. Une victime témoigne.
» Il était 11 heures du matin, nous étions tous assis devant la maison, puis je suis parti leur acheter du pain » , raconte à l’AFP depuis sa voiture un père désemparé, en compagnie de son fils, seul survivant.
Alors qu’il se trouvait encore à la boulangerie, il a entendu une explosion retentissante: » J’ai commencé à les appeler, puis je suis rentré… je n’ai trouvé personne, juste des gravats » .
Depuis l’intensification des raids israéliens au Liban plus d’une semaine auparavant, des récits similaires se répètent, touchant les familles du sud et de l’est du pays. D’après l’Ani, au moins quatre familles ont été confrontées à la même situation la semaine dernière.
Mercredi, l’ONG Human Rights Watch a mis en garde contre les civils qui sont exposés aux frappes israéliennes au Liban.
Lama Fakih, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a rappelé qu’ »un chef du Hezbollah, une rampe de lancement de roquettes ou toute autre installation militaire située dans une zone peuplée ne justifie pas de frapper sans considération pour les civils ».
– « Inconcevable » –
Lors d’une conférence de presse le 24 septembre, le ministre libanais de la Santé a déclaré que « la grande majorité » des victimes des bombardements intensifs visant le sud et l’est du Liban étaient des personnes non armées, chez elles.
Plus de 1.000 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées depuis la mi-septembre, selon les autorités libanaises.
Najah Diab a perdu dix membres de sa famille dans le village de Daoudieh, près de Saïda. Une frappe israélienne a détruit leur maison lundi.
« Ma mère, ma soeur, ma fille, mes frères, leurs épouses et leurs enfants ont été tués« , raconte-t-elle, en larmes.
Elle explique que sa mère, âgée de 75 ans, ne quittait jamais la maison, et que son frère aîné, malade, n’avait pas de travail. Son neveu, étudiant, est le seul survivant.
« Ils regardaient par la fenêtre quand la bombe est tombée. L’immeuble s’est effondré, leurs corps en morceaux. Nous avons rassemblé des débris humains« , dit-elle, abasourdie.
« Ils étaient des civils, sans lien avec aucun groupe. C’est inconcevable. »
« S’il y avait eu quelqu’un d’autre dans l’immeuble, ils ne seraient pas restés. Ils se sentaient en sécurité parce qu’ils étaient des civils, sans personne autour d’eux, et ne quittaient jamais leur maison« .