Le 5 décembre dernier, onze personnalités politiques détenues depuis cinq mois au Mali ont été libérées sous condition. Cette mesure, bien qu’accueillie avec soulagement par beaucoup, soulève des questions sur une éventuelle instrumentalisation de la justice par les autorités de transition.
Une liberté sous surveillance judiciaire
Ces cadres politiques, désormais libres de leurs mouvements, restent à la disposition de la justice en attendant un procès dont la date n’a pas encore été fixée. Si certains ont rapidement repris leurs activités politiques, d’autres privilégient pour l’instant leur vie privée. Les avocats des accusés espèrent obtenir un non-lieu, tandis que cette libération provisoire a été facilitée par l’intervention de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, actuellement chargé de rédiger une nouvelle charte pour la paix et la réconciliation.
Une stratégie politique ou un geste de bonne volonté ?
Pour certains, cette libération conditionnelle vise à calmer les tensions sociales et à renforcer la participation de la classe politique au processus électoral à venir. Les autorités de transition semblent ainsi chercher à créer un climat favorable à la tenue des élections. Toutefois, des critiques émergent, accusant les dirigeants d’utiliser la justice à des fins politiques.
Des divisions au sein de la Déclaration du 31 mars
Les organisations signataires de la Déclaration du 31 mars, qui avaient suspendu leur participation aux activités politiques en signe de protestation, semblent divisées sur cette évolution. Leur porte-parole, Mahamadou Konaté, a souligné que la libération des onze cadres s’est faite sans contrepartie. Cependant, il a rappelé que d’autres personnalités, qualifiées de « prisonniers d’opinion » comme Rose la Vie Chère, Ras Bath ou Clément Dembélé, restent incarcérées.
« On ne peut pas réussir un rassemblement sans la libération des principaux acteurs politiques et de la société civile. Il faut être conséquent », a-t-il déclaré, appelant à des mesures similaires pour ces détenus.
Une ouverture vers le dialogue politique ?
Malgré les critiques, cette libération marque un tournant dans la crise malienne. Elle pourrait ouvrir la voie à un dialogue politique élargi et offrir une opportunité pour sortir de l’impasse actuelle. Cependant, la situation reste fragile, et le sort des autres détenus politiques reste un point de discorde majeur.