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Mines au Togo: des communautés hôtes face à la pauvreté ambiante, des chefs cantons brisent le silence !

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Chaque jour, ce sont des millions de francs qui sont brassés dans les industries extractives au Togo. Ironie du sort, ces ressources minières ne profitent guère aux communautés hôtes de ces multinationales, installées sur le territoire national depuis plusieurs décennies.

La misère ambiante étant palpable dans ces milieux dont le sous-sol se révèle pourtant riche en ressources minières, amène à cette interrogation majeure: à qui profitent les mines togolaises ? Si les pouvoirs publics semblent occulter volontairement le quotidien de ceux qui travaillent dans ce secteur ainsi que les populations riveraines, les gardiens des us et coutumes ont pour leur part, décidé d’agir.

Au cours d’une journée de réflexion mardi à Lomé, soutenue par l’Ong Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD), les Chefs cantons de Tabligbo, Kini-Kondji, Tokpli, Vogan et Hahotoé, sont montés au créneau pour déplorer avec véhémence, « les conditions de vie et d’existence de nos populations et les conditions de travail des jeunes travailleurs togolais qui vendent leur force de travail contre les salaires de misère ».

Accidents de travail parfois mortels récurrents, traitements inhumains et dégradants, salaires avortons, inventives, voilà à quoi ressemblent les conditions de vie et de travail des employés des mines au Togo. Une situation peu enviable qui conduit régulièrement à des mouvements de débrayage de ces derniers.

Dans une déclaration commune, rendue publique à la faveur de la journée de réflexion précitée, les chefs cantons ont fait savoir que dans les communautés hôtes des multinationales d’extraction minière au Togo, « les populations locales subissent le joug d’investisseurs puissants et désinvoltes et les effets néfastes de l’exploitation sauvage des ressources se font durement ressentir au niveau social, sanitaire et environnemental ».

Entre autres exemples, la détérioration des habitations par les explosifs utilisés par les mines, la transformation des terres arables en montagnes, des espaces devenus des lacs artificiels et des trous de profondeurs inouïes remplis de crocodiles et de serpents venimeux causant des accidents mortels, l’absence de routes praticables, de l’électricité, des installations sanitaires et scolaires parfois vétustes et sans équipements adéquats. Et c’est la triste réalité que vivent les populations de Kini-kondji, Hahotoé, Sika kondji et Tokpli.

Par ailleurs, certaines collectivités sont spoliées de leurs terres dans les zones où sont implantées ces usines et même si des plans de développement de ces zones ont été élaborés avec le concours des exploitants des mines, rien n’est encore visible sur le terrain. La non implication des communautés hôtes dans la mise en oeuvre du Projet de Développement et gouvernance minière (PDGM) de la Banque mondiale financé à hauteur de 15 millions de dollars soit environ 7,5 milliards de nos francs CFA, en est une preuve tangible. Une situation qui amène des fois les populations autochtones à des soulèvements.

Dans le document, les garants des us et coutumes ont également manifesté leur mécontentement face aux « conditions d’expropriation des habitants de nos localités, qui se sont vus confisquer des milliers d’hectares de terres arables au profit des entreprises minières alors même que les expropriés sont réduits à la mendicité ».

Ces derniers crient leur ras-le-bol vis à vis des atteintes et violations flagrantes des droits humains « manifestement criards » dans les communautés hôtes du fait du non respect de la législation nationale et des instruments juridiques internationaux auxquels le Togo est parti ainsi que de la mise en oeuvre défaillante de la législation nationale en matière de protection des droits humains

Et tout ceci se passe dans une indifférence totale des autorités en charge de ce secteur, pourtant vital pour l’économie togolaise.

La terre appartient aux communautés et le sous-sol à l’État. C’est ce contraste auquel font face les chefs traditionnels. Les contrats d’exploitation étant signés entre les exploitants et le gouvernement, ces derniers sont limités dans l’exercice de leurs pouvoirs dont ils sont pourtant investis et de l’impérieux droit et devoir de défendre leurs vaillantes populations.

Il était donc urgent de poser la problématique et susciter la prise de conscience des gouvernants, dans la mesure où la réglementation du secteur minier relève de cet fait des prérogatives des gouvernants.

Dans leur engagement à faire bouger les lignes, les garants des us et coutumes s’appuient donc sur l’Ong SADD comme porte-voix en vue d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la triste réalité que vivent au quotidien, les communautés hôtes des entreprises minières au Togo.

Ils interpellent à cet effet le gouvernement à « s’investir pour le droit des communautés hôtes des entreprises multinationales de jouir d’un niveau de vie suffisant, avec nourriture, vêtements et logements décents, du meilleur état de santé physique et mentale, de la scolarisation des enfants et du droit de participer à la vie culturelle et de bénéficier du progrès scientifique mais aussi et surtout des conditions de travail justes et favorables » ».

La question sur la Responsabilité sociétale des entreprises, l’un des axes prioritaires des actions de SADD, s’est également invitée aux débats. Les chefs traditionnels recommandent vivement à l’exécutif togolais de « prendre et de publier le décret d’application de la Loi n°2011-008 du 05/05/ 2011 relative à la contribution des entreprises minières au développement local et régional et de la faible applicabilité de la Loi Cadre sur l’environnement au Togo.

Enfin, le régent du trône de Tabligbo, Minyazozo Viagbo et ses collègues invitent les autorités togolaises à créer un cadre de dialogue social permanent entre les communautés hôtes, les entreprises minières et les autorités locales pour la transparence et la recevabilité dans le secteur minier au Togo.

 

 

 

 

 

 

 

 




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