Les deux candidats de l’opposition à l’élection présidentielle algérienne ont contesté le résultat provisoire en justice le mardi 10 septembre, tout en exprimant de vives critiques envers les responsables électoraux et en remettant en question le décompte des voix.
L’islamiste Abdellali Hassani Cherif et le socialiste Youcef Aouchiche ont déposé des recours auprès de la Cour constitutionnelle algérienne, marquant ainsi le début de leur contestation des résultats du scrutin remporté par le président sortant Abdelmadjid Tebboune avec 94,7 % des voix.La législation algérienne accorde au tribunal un délai de dix jours à partir de la proclamation des résultats provisoires pour se prononcer sur les recours. Un verdict pourrait conduire à un recalcul des voix de chaque candidat, sans pour autant remettre en cause la victoire de Tebboune.
La veille du dépôt de leurs recours, les deux candidats ont critiqué sévèrement Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Cherif a déclaré : « Nous voulons que les voix des électeurs qui ont voté pour nous soient reconnues. Je sais que cela ne changera pas le résultat, mais cela restera dans l’histoire. »
De son côté, Aouchiche a tenu une conférence de presse où son directeur de campagne a présenté des graphiques qu’il prétendaient démontrer des distorsions dans les résultats, qualifiant le décompte de « manipulation honteuse et grossière ».
Il a ajouté : « Ces résultats, qui ne correspondent pas aux chiffres communiqués par les délégations régionales de l’ANIE, sont une honte pour l’Algérie de 2024, nous ramenant aux années 1970. »Les candidats ont également critiqué les incohérences entre les voix comptabilisées et les chiffres de participation publiés la veille par les autorités électorales.
Dimanche soir, Tebboune s’est aligné sur leurs critiques contre l’ANIE, rejoignant la colère populaire suscitée par ses adversaires.Dans un communiqué commun, les directeurs de campagne de Tebboune, Aouchiche et Cherif, ont dénoncé des « inexactitudes, contradictions, ambiguïtés et incohérences » dans les chiffres des résultats provisoires, tels qu’annoncés par le président de l’ANIE.
Cette contestation représente une tournure sans précédent en Algérie, où les résultats électoraux ont traditionnellement été étroitement surveillés par l’élite dirigeante et l’appareil militaire qui la soutient.