Au 5è jour du procès de Derek Chauvin, le mur du silence au sein de la police semble se briser. Deux chefs de brigade ont déjà témoigné contre leur ancien collègue pour dénoncer son usage de la force contre George Floyd.
Chef de la brigade criminelle, le lieutenant Richard Zimmermann, policier depuis près de 30 ans dont 25 dans la grande ville du nord des États-Unis, est un vétéran de la police de Minneapolis.
Appelé à témoigner par l’accusation, il qualifie de « totalement inutile » le niveau de force dont Derek Chauvin a fait usage contre George Floyd. Une force excessive, dit-il, parce que mortelle.
« Le placer ainsi face contre terre avec un genou sur le cou et ce, si longtemps, n’est pas justifié. Je ne vois pas de raison qui pourrait faire que les policiers se sentent en danger », explique encore le chef de la brigade criminelle. En effet, une fois un suspect menotté, « le risque d’être blessé diminue fortement », a-t-il souligné.
Richard Zimmerman a également expliqué avoir, lors de la formation continue, été informé des risques de laisser quelqu’un à plat ventre.
« Il faut en sortir le plus vite possible, parce que cela rend la respiration plus difficile ». Et, a-t-il insisté, « quand vous menottez une personne, elle est à vous, sa sécurité et sa santé sont votre responsabilité », même si une ambulance a été appelée.
Le lieutenant Zimmermann est le second haut gradé de la police de Minneapolis à témoigner contre Derek Chauvin. Son témoignage conclut une semaine éprouvante pour les jurés, qui ont été confrontés à des témoins du drame toujours bouleversés et à une avalanche de vidéos chocs. La mort de George Floyd a en effet été filmée sous tous les angles par des caméras de surveillance, par les caméras-piétons des policiers et par les téléphones portables des passants.
Un chef de police attendu à la barre
La semaine prochaine, un autre poids lourd est attendu à la barre, il s’agit du chef du Minneapolis Police Department en personne. Medaria Arradondo est le premier Afro-Américain à ce poste, promu après la mort de Geroge Floyd, en promettant de réformer cette institution détestée.
Un chef de police témoignant dans une affaire de meurtre contre l’un de ses agents constituera une première aux États-Unis, signe que l’omerta au sein de la police américaine commence peut-être à se fissurer.
Le procès, qui reprendra lundi matin, doit se poursuivre deux ou trois semaines et les jurés devraient rendre leur verdict vers la fin avril ou début mai. Les trois autres policiers impliqués, Alexander Kueng, Thomas Lane et Tou Thao, seront jugés en août pour « complicité de meurtre ».
Avec RFI