Du début août 2018 au 13 avril 2019, les violations des droits de l’Homme ont connu une « recrudescence alarmante » selon le dernier rapport de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH). L’universitaire Ayayi Togoata Apedo-Amah se dit choqué par les « horreurs » commises par les forces de l’ordre et de sécurité sur les populations. Voici ce qu’il raconte dans la préface du rapport.
Le Togo est-il une prison à ciel ouvert ?
La lecture du rapport de la LTDH sur les cas de tortures et violences policières fait froid dans le dos. Non pas que nous n’étions pas au courant mais le fait de lire ces horreurs, avec témoignages à l’appui, provoque un choc.
Mais dans quel pays vivons-nous ? A quoi sert la loi sous le régime policier que l’on voudrait faire passer pour une démocratie ? Ceux qui veulent abuser les Togolais et surtout la communauté internationale sur la véritable nature du régime des Gnassingbé, ont-ils oublié que la démocratie, son socle c’est la loi, l’état de droit destinés à assurer le maximum de protection à l’individu ?
La culture criminelle de l’impunité qui sévit au Togo depuis la colonisation jusqu’à l’indépendance truquée, ne cesse de traumatiser les citoyens de ce pays martyr. Quand le peuple considère les corps professionnels payés à ses frais pour assurer sa sécurité comme des forces d’insécurité, il y a là quelque chose de grave qui nous interpelle tous. En effet, un témoignage l’atteste, à la vue des patrouilles censées veiller sur notre sécurité, les Togolais, même en étant en règle, en général, préfèrent les éviter pour leur propre sécurité. On ne sait jamais, disent-ils.
Cette image détestable que se sont forgées nos forces de l’ordre et de sécurité, n’est pas un fantasme, mais l’expression du ressenti des Togolais à l’encontre des hommes en treillis. Les traitements cruels et dégradants, qu’ils infligent lâchement à leurs compatriotes, sont la manifestation de la vraie nature hideuse d’une dictature sanguinaire.
L’illégitimité du pouvoir requiert la force et la violence pour s’imposer au peuple. D’où l’impunité dont jouissent les bourreaux dans l’exercice des sévices abominables qu’ils infligent à des individus sans défense, privés de la protection de la justice. Quand les juges sont obligés de regarder ailleurs lorsque leurs concitoyens sont torturés, c’est que l’institution judiciaire est malade. Le citoyen, soumis à l’arbitraire et à la terreur, pour sa survie, doit se résigner où se battre pour changer le cours horrible et rétrograde de son histoire afin d’accélérer l’avènement de la démocratie et de la liberté.
Ayayi Togoata APEDO-AMAH
Enseignant- Chercheur des Universités du Togo
Ancien Secrétaire Général de la LTDH