C’est ce qui ressort d’un rapport publié ce lundi par Médecins Sans Frontières (MSF). L’ONG dit avoir soigné, aux côtés du ministère de la Santé, un nombre sans précédent de victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC) en 2023 et au cours des premiers mois de 2024.
En 2023, les équipes de MSF ont soutenu la prise en charge de 25 166 victimes de violences sexuelles à travers le pays, soit plus de 2 victimes par heure.
S’appuyant sur les données de 17 projets mis en place par MSF en partenariat avec le ministère de la Santé dans cinq provinces du pays – Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri, Maniema et Kasaï-Central – ce chiffre est de très loin le plus élevé enregistré par MSF en RDC. Au cours des trois années précédentes, les équipes de MSF ont en moyenne pris en charge 10 000 victimes par an dans le pays. L’année 2023 marque donc une hausse massive des admissions.
Cette tendance s’est encore accélérée au cours des premiers mois de 2024 : dans la seule province du Nord-Kivu, 17 363 victimes ont été soignées avec l’appui de MSF entre janvier et mai – soit 69% du nombre total de victimes prises en charge en 2023 dans les cinq provinces précitées.
Parmi les victimes, les femmes sont le plus ciblées. « D’après les témoignages de nos patientes, les deux tiers d’entre-elles ont été agressées sous la menace d’une arme », explique Christopher Mambula, responsable des programmes de MSF pour la RDC. « Ces agressions ont eu lieu dans les sites mêmes, mais également à proximité de ceux-ci, lorsque les femmes et les filles – qui représentent 98% des victimes soignées par MSF en RDC en 2023 – sortent pour aller ramasser du bois, chercher de l’eau ou se rendent dans des champs. »
L’ONG estime que la présence massive d’hommes armés dans et à proximité des sites de déplacés explique cette explosion des violences sexuelles. En outre, l’insuffisance de la réponse humanitaire et les conditions de vie inhumaines dans ces sites les alimentent.
En RDC dans la province du Nord-Kivu, les affrontements entre le groupe M23, l’armée congolaise et leurs alliés respectifs font rage depuis fin 2021, poussant à la fuite des centaines de milliers de civils.
Essama Aloubou