Human Rights Watch (HRW) accuse l’armée rwandaise et le groupe armé M23 d’avoir mené des « bombardements sans discernement » sur des camps de déplacés autour de Goma, capitale du Nord-Kivu. Depuis la prise de Saké par le M23 et l’avancée du front vers Goma en début d’année, au moins cinq bombardements d’artillerie et de roquettes ont touché des camps de déplacés et des zones densément peuplées, selon l’ONG.
Le 3 mai dernier, entre 10h et 11h, « au moins trois roquettes » ont frappé des camps de déplacés situés à 15 km à l’ouest de Goma, indique HRW. L’ONG affirme que ces tirs provenaient de positions tenues par l’armée rwandaise et le M23 au nord-ouest de Saké, en RDC. Ce jour-là, 17 civils, dont 15 enfants, ont été tués.
Quelques semaines plus tôt, le 2 février, une roquette attribuée aux forces rwandaises et au M23 est tombée à moins de 100 mètres d’une école primaire. Ce rapport de HRW dénonce de possibles « crimes de guerre » et souligne « un mépris total pour la vie des civils » de la part de toutes les parties impliquées dans le conflit. Les deux attaques mentionnées auraient été réalisées avec des roquettes de 122 millimètres, des armes explosives lourdes connues pour leur manque de précision.
Le bombardement de zones civiles sans distinction entre cibles militaires et civiles constitue « une violation du droit de la guerre », rappelle HRW. L’organisation souligne également la responsabilité de l’armée congolaise qui, en plaçant son artillerie à proximité des camps de déplacés, expose les civils aux représailles.
C’est ce qui s’est produit le 31 mai, selon HRW, lorsque l’armée congolaise a tiré depuis une position située à quelques centaines de mètres d’une garderie dans le camp de Lushagala. Les tirs de riposte ont frappé à 100 mètres de l’établissement, laissant juste assez de temps au personnel pour évacuer les enfants.
Le rapport de HRW documente également une série d’exactions commises par l’armée congolaise et les milices Wazalendo dans les camps de déplacés, notamment des meurtres, tortures, exécutions sommaires, ainsi que de nombreux viols.
En août, Médecins Sans Frontières (MSF) a rapporté qu’entre novembre 2023 et avril 2024, plus d’une femme sur dix dans les camps autour de Goma avait signalé avoir été violée, avec des taux atteignant jusqu’à 17 % dans certains camps.