Le président nigérian Bola Tinubu séjourne en France, chez son homologue Emmanuel Macron. Une visite d’État inédite, la première en 24 ans. Pour la presse africaine, la France fait les yeux doux au Nigeria.
Selon Jeune Afrique, « il est évidemment tentant de voir derrière cette volonté de Paris de diversifier ses partenariats sur le continent une tentative de construire une nouvelle politique africaine sur les ruines du fiasco sahélien qui a vu la France expulsée du Mali (en 2022), puis du Burkina Faso (en 2023) et du Niger (fin 2023) ».
« Et une volonté de détourner l’attention de l’incessant bras de fer avec Alger. Mais sans doute serait-ce trop réducteur« , estime le site du magazine panafricain.
« Ce serait aussi méconnaître la chronologie. Dès son élection en 2017, le président français a entrepris de voyager hors de la zone d’influence traditionnelle française, au Nigeria (en 2018), en Éthiopie (en 2019) ou en Afrique du Sud (2021)« .
A en croire le journal burkinabè, le Pays : « pour avancer dans la défense de ses intérêts, la France doit changer son fusil d’épaule. Et c’est manifestement à cet exercice qu’elle s’essaie. Elle veut regagner le cœur des Africains en se faisant passer pour leur porte-voix mais aussi en réduisant son empreinte militaire permanente sur le continent ».
« Il reste à savoir si cela suffira. (…) Cela dit, l’Afrique se doit d’utiliser ce nouveau contexte pour exiger de l’ancienne puissance coloniale, à défaut qu’elle répare les erreurs commises, qu’elle s’engage dans un partenariat gagnant-gagnant. Car, ce dont le continent a véritablement besoin, ce n’est ni de compassion ni d’assistanat, mais d’une relation équilibrée où elle gagnerait toute sa place et pourrait disposer de ses richesses naturelles pour subvenir, de façon souveraine, à ses besoins« , ajoute le quotidien ouagalais.
Et puis à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, relève Afrik.com, la visite de Jean-Noël Barrot mettra « en lumière une ambition majeure de la diplomatie française : promouvoir une réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l’ONU. Paris soutient l’attribution de deux sièges permanents aux pays africains, une revendication de longue date de l’Union africaine« .