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Sénégal: Mama Sadio, la musique une affaire de famille

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mama sadioA la mi-avril, Mama Sadio lançait ce qui sera son tout premier album, une dizaine de titres, qui porte plutôt bien son nom : «Diar-Diar», comme le parcours, sinon la trajectoire d’une chanteuse qui vous dira peut-être que son histoire avec la musique a quelque chose d’une de ces recettes de famille, qui mijoterait au fond de la marmite.

Mais pas que… De ses premiers pas, entre la danse et le théâtre, à son histoire avec le groupe Ninki Nanka, fondé à l’époque par le joueur de kora Ablaye Cissoko, qui vous dira quant à lui que Mama est «une grande voix», en plus d’être une «grande danseuse».

Comment dire… Elle a ce petit quelque chose, Mama Sadio, ce timbre de voix authentique, ces petites fêlures qui sentent bon le vécu, un petit côté rocailleux par-ci, un côté tristounet par-là, cette sorte de réserve ou de pudeur, même sur scène…

Sans parler de cette façon quasi naturelle qu’elle a de vous introduire dans son univers à elle, sans contrainte, avec l’air de vous raconter mot à mot l’une ou l’autre de ses chansons… Quant à son histoire à elle, disons qu’elle a le goût d’une de ces recettes de famille qui mijoterait au fond de la marmite.

Fataliste diriez-vous, pas vraiment… Même si vous l’entendrez forcément invoquer le destin, ou ses imprévisibles coups de filet, sans même chercher à vous convaincre que pour elle, «la musique est un don».

Sans doute parce que dans la famille Sadio, c’est une affaire très sérieuse et quand on y pense, Mama est peut-être bien la fille de son père, Solo Bourama Sadio, du nom de ce monsieur qui a chanté dans le temps pour l’Ensemble instrumental du Théâtre National Daniel Sorano. Un homme que le joueur de kora Ablaye Cissoko, qui nous introduira dans la confidence, dit avoir bien connu…

Mama ne s’agrippe pourtant pas à la génétique : pas assez pour tout expliquer. «J’ai un parcours, dit-elle, je suis passée par tellement de choses…
J’ai fait du théâtre, et de la danse de ballet, à une époque où je chantais et dansais à la fois. Mais aujourd’hui, je suis surtout chanteuse». Même si, autre confidence de Ablaye Cissoko, Mama Sadio est toujours partante lorsqu’il s’agit de danser, parce qu’ «elle adore ça».

Entre nos deux artistes, c’est «une longue histoire» dit le joueur de kora, entre deux sourires, quand on sait qu’ils sont l’un après l’autre tombés sous le charme de Saint-Louis, où ils se sont installés.

Le Ninki Nanka

Une vingtaine d’années pour Mama Sadio, née à Dakar, une trentaine pour Ablaye Cissoko, né à Kolda : «J’ai connu Mama Sadio à l’époque où elle travaillait dans le même ballet que mes sœurs, et où l’on faisait à la fois de la danse et de la musique.

Nous sommes une famille d’artistes musiciens, et Mama Sadio était une amie proche de mes sœurs. J’ai connu sa mère, comme j’ai connu son père, musicien lui aussi, qui me l’a confiée avant son décès, et je l’ai ensuite fait venir à Saint-Louis».

Nous sommes à la fin des années 1990, et Mama Sadio devient très vite «l’une des stars» du groupe, où elle est à la fois «lead vocal et danseuse». Ce groupe, c’est le Ninki Nanka, fondé à l’époque par le joueur de kora Ablaye Cissoko.

Il faut dire que la jeune femme de l’époque n’est pas inexpérimentée. Elle arrive de Dakar, où elle a fait du théâtre, dans ce centre près du marché de Thiaroye, en banlieue dakaroise. Sans oublier que Mama Sadio a aussi joué, même de façon occasionnelle, avec certains rappeurs dakarois.

Aujourd’hui, dit-elle, «je suis avec mon propre groupe, Sunu Jànt, monté il y a une dizaine d’années avec des musiciens saint-louisiens, qui font un travail remarquable ». C’est avec ce groupe-là d’ailleurs qu’elle se produit, à Saint-Louis ou ailleurs, «dans les hôtels et dans les cabarets».
Le 15 avril dernier, Mama Sadio lançait ce qui sera son tout premier album, intitulé très éloquemment «Diar-Diar», comme le parcours… Avec une dizaine de titres, entre l’afro, le mbalax et le rock, que la chanteuse présente, de façon très imagée «comme un album-photos, avec des modèles différents d’une page à l’autre…

Ou alors s’agira-t-il d’un même modèle, mais dans des tenues différentes». Histoire de dire qu’elle ne se barricade absolument pas : «Je fais de l’afro, c’est la base de ma musique, mais je fais aussi de la variété. Je touche à un certain nombre de choses, la musique mandingue, par exemple, qui fait partie de moi. Je ne reste pas dans un coin de la musique».

«J’ai un grand respect pour elle… »

Dans la région, Mama Sadio est aussi connue pour avoir dédié une chanson au Prytanée militaire de Saint-Louis. Pourquoi ? «Ce n’est absolument pas une chanson sur commande, se défend-elle, c’est du vécu.

J’ai toujours aimé le Prytanée, que je voyais surtout à la télévision, et c’est là que je me suis mise à demander autour de moi comment on faisait pour y aller. On me répondait partout la même chose, cette école est réservée aux garçons, et j’avoue que j’avais du mal à comprendre que les filles n’aient pas le droit d’y aller.

On me répondait d’ailleurs, en me taquinant, (elle en rit aux éclats) que même si le Prytanée militaire de Saint-Louis devait être accessible aux filles, celles comme moi, (je n’ai pas fait de longues études) n’auraient peut-être pas le droit d’y mettre les pieds. Mais si je n’y suis pas allée, peut-être que mes enfants ou mes petits-enfants le feront».
De cette trajectoire ou de ce «Diar-Diar», Ablaye Cissoko n’est pas «surpris», ne serait-ce que parce que, pour commencer, «Mama Sadio vient d’une famille de griots, où ce sont les femmes, qui n’ont pas le droit de toucher aux instruments (traditionnels), qui transmettent l’histoire orale». Ce qui en a peut-être fait «une grande voix», doublée d’ «une grande danseuse».

L’aîné se dit d’ailleurs «très fier» de sa cadette «J’ai un grand respect pour elle, parce qu’elle s’est faite toute seule. Elle sait d’où elle vient, et elle s’est battue .

C’est une grande artiste, et vous verrez que quelles que soient les chansons que Mama Sadio elle-même crée, ou reprend, elle reste dans son style, et elle veut aller plus loin».

De l’un à l’autre, des encouragements, sinon quelques conseils : «Nous ne sommes pas parfaits, vous savez, dit le joueur de kora, ni elle, ni moi, et on a toujours besoin d’être coachés. Je lui donne mon point de vue, et elle m’écoute, ou pas».

Un duo Mama Sadio-Ablaye Cissoko ? Peut-être… Possible… Mais disons que le joueur de kora est assez intransigeant là-dessus : «J’ai toujours répondu à mes sœurs, comme à mes cousines d’ailleurs, qui proposaient de jouer avec moi, que je ne jouerais avec personne».

Pas parce qu’il serait «solitaire», loin de là, mais parce qu’il a, comme il dit, sa «route à suivre». «J’ai mon style, et à un moment je les ai trouvées très traditionnelles (trop ?), très griottes, et ça les faisait rire, quand je leur disais par exemple que ça ne m’intéressait pas du tout de chanter les louanges d’un X ou d’un Y. Chaque chose en son temps. Si on doit jouer ensemble, cela se fera. Nous ne sommes peut-être pas encore prêts»…
Mais ce n’est pas comme si Ablaye n’avait jamais chanté avec Mama : «Quand j’ai une soirée ou un spectacle, je fais appel à elle, même si elle a son style à elle. Ou alors j’apprends qu’elle joue quelque part, et je lui fais la surprise de la rejoindre sur scène».

Source:fr.allafrica.com




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