Le Soudan du Sud, plus jeune État au monde, est un pays meurtri. Le 9 juillet 2011, l’espoir suscité par son indépendance arrachée après des décennies de lutte, était immense. Dix ans et une guerre civile plus tard, le pays vit l’une des pires crises humanitaires au monde.
Pendant que la violence prospère, l’État sud-soudanais, lui, reste embryonnaire. « La situation est encore pire qu’il y a 10 ans, résume Alan Boswell, chercheur à l’International Crisis Group. Avant l’indépendance, le contexte politique se prêtait à la construction d’un État sud-soudanais, car il y avait une forme de consensus national, qui n’existe plus aujourd’hui. Donc non seulement ils doivent repartir de plus loin encore qu’il y a dix ans pour construire un État, mais le contexte politique ne s’y prête pas vraiment. »
« Nos leaders nous ont poignardé dans le dos, lance, amer, Michael Wani, directeur de l’OAF (Okay Africa Foundation) et leader de la société civile. Nous nous sommes battus pour l’indépendance dans l’espoir d’avoir de meilleures écoles, de meilleures routes, de meilleurs hôpitaux, plus de liberté d’expression et de pouvoir gérer nos ressources nous-mêmes. Nous voulions en finir avec la corruption. Mais rien n’a changé, c’est même pire. Chaque année, des millions et des millions de fonds publics disparaissent. C’est une trahison. ».
Dans un rapport publié en en septembre dernier, la Commission de l’ONU pour les droits de l’homme sur le Soudan du Sud avançait le chiffre de près de 36 millions de dollars dérobés par des politiciens et des membres du gouvernement depuis 2016.
Le pays, qui tire l’essentiel de ses ressources du pétrole, est classé 179 sur 180, selon le dernier indice sur la corruption de l’ONG Transparency international.
« Nous n’avons aucune transparence sur les revenus du pétrole, ni sur l’exécution du budget de l’État », abonde une source diplomatique.
Avec RFI