Les trois ressortissants russes, ainsi qu’un belarus arrêtés il y a quelques semaines au Tchad auraient quitté le pays après une libération ordonnée par le président Mahamat Deby Itno, mais le gouvernement tchadien ne s’est pas exprimé sur le sujet.
Maxim Chougaleï, directeur de la Fondation pour la défense des valeurs nationales, proche de feu Evgueni Prigojine, le fondateur du Groupe Wagner et deux de ses collaborateurs, ainsi qu’un ressortissant de la Biélorussie, ont quitté Ndjamena la capitale tchadienne dans le silence. Arrêtés il y a quelques semaines les motifs de leur arrestation demeurent jusque-là non élucidée. Contactés par nos confrères de la Deutsche Welle, les autorités tchadiennes n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
Au sein de l’opinion, ce silence est perçu comme une stratégie de N’Djamena pour ménager sa coopération avec Moscou, surtout que l’arrestation de Maxim Chougaleï avec ses compagnons coïncide avec l’ouverture il y a quelques jours de la maison russe à N’Djamena.
L’homme politique tchadien Max Kemkoye, pensent que Chougaleï paie pour sa proximité avec l’ex-chef du groupe Wagner, Prigojine. « Malgré le fait que Chougaleï était sous sanction américaine et européenne, il était déjà à N’Djamena. Il a même travaillé avec certains proches du pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno. Ce ne sont pas des sociologues. Ils seraient bien évidemment des agents opérant sous couverture mais qui sont maintenant sacrifiés par le gouvernement russe du fait de leur passé encombrant » assure Max Kemkoye.
Pour Béral Mbaikoubou, membre du Conseil national de transition, il s’agit d’une tentative de rapprochement entre N’Djamena et Moscou.Le Tchad est « entouré par des pays où règnent des tensions politiques.des guerres auxquelles la Russie est mêlée et donc si les tenants du pouvoir tchadien veulent garder leur fauteuil, ils ont intérêt à garder de bons rapports avec la Russie pour que Monsieur Poutine ne soutienne pas par exemple les rébellions qui sont en naissance dans l’est ou l’extrême nord du pays ». Béral Mbaikoubou assure par ailleurs ne pas « penser pas que la Russie soit une solution aux problèmes du Tchad vu que la Russie elle-même n’est pas une démocratie ».
Beral craint d’ailleurs ce rapprochement. « le régime tchadien tel que nous connaissons, il ne faut pas voir d’un bon œil qu’il se rapproche de la Russie parce que c’est de la violence politique qui va se rajouter à la violence politique », s’alarme-t-il.
Essama Aloubou