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Télétravail : quand le confinement réinvente le travail

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Le travail à la maison n’est plus seulement réservé aux étudiants. En mars, les autorités des Émirats arabes unis, par exemple, ont décidé du confinement de 70% de la main-d‘œuvre du secteur.

Dans ses rangs, un ingénieur de 26 ans d’Abu Dhabi. Abdelrahman Shaath conçoit et gère des systèmes à énergie solaire autonomes destinées à l’activité pétrolière dans la région. “Travailler depuis la maison m’a facilité la vie,” assure cet ingénieur de projet chez Solapak Limited. “J’ai réduit mes coûts de déplacement pour me rendre au travail, je ne mange plus à l’extérieur et en même temps, j’ai une meilleure productivité,” dit-il.

D’autres n’ont pas eu cette chance, en particulier au sein des PME aux Émirats et ailleurs qui ont été durement frappées par l’impact de la pandémie d’après le cabinet de conseil McKinsey. Une partie d’entre elles ont dû licencier, réduire les salaires, voire mettre la clé sous la porte. De nombreux États ont annoncé des plans de relance pour soutenir entreprises et particuliers, à hauteur de 70 milliards de dollars dans le cas des Émirats.

“Notre activité est mise en suspens”

S’adapter au nouveau contexte est une obligation pour toutes les PME comme l’entreprise de marketing de Dubaï, Itani & Co. où les horaires de travail ont été réduits. Sa fondatrice Maya Itani nous explique qu’après un très bon début d’année, l’activité a été fortement ralentie en mars.

“Nos clients ont mis une bonne partie de nos projets en pause puisqu’ils essayaient eux-mêmes de préserver leurs finances pour honorer des obligations, payer leur personnel et simplement avoir le temps de comprendre ce qui se passait,” explique-t-elle. “L’incertitude à laquelle tout le monde est confronté a mis notre activité en suspens,” fait-elle remarquer.

Avant le confinement, la directrice générale avait choisi de mettre en place un système hybride avec un personnel travaillant au bureau jusqu‘à 14h et en télétravail un jour par semaine. Ce qui a permis d’augmenter la productivité des salariés qui sont toutes mères de famille.

“On s’appuie sur la technologie pour rester connectées, on le faisait déjà avant la pandémie,” indique Maya Itani. “On utilise des outils en ligne de management de projets dans notre travail pour nos clients,” précise-t-elle.

En télétravail et sous pression

Le rôle de la technologie sera capital dans le télétravail de demain selon des experts. Mais elle a aussi ses limites.

Rada Hrout est consultante en Jordanie. Son enquête sur les travailleurs confinés dans la région a mis en évidence qu’ils jugeaient difficile d‘être coupés de leur environnement de travail habituel.

“Un pourcentage important de gens qui sont en contact tous les jours avec leur manager se sont dits sous pression et pas réellement productifs,” déclare la fondatrice de Medad Consulting. “Et puisque les appels téléphoniques qu’ils reçoivent et donc, la nature de la connexion ne reposent pas sur l‘échange en face à face,” ajoute-t-elle, “la communication se résume à l’assignation d’une tâche et la réalisation de la prestation.”

“Besoin de contacts humains”

La technologie est aussi une concurrente : d’après le Forum économique mondial, en 2018, environ 30% des heures de travail tous secteurs confondus étaient assurées par des machines ou des algorithmes. En 2022, ce devrait être le double.

À l’heure du boom de l’intelligence artificielle et de l’automatisation, certains estiment qu’un élément essentiel ne doit pas disparaître.

“Avec le Covid-19, nous avons découvert le besoin de davantage de contacts humains dans tout ce que nous proposons et non pas de technologie pure sans interface humaine, sans compréhension humaine,”’ affirme la consultante Rada Hrout. “C’est ce que les clients demandent et en même temps, c’est ce que les employés veulent pour maintenir leur niveau d’implication et leur productivité aussi haute que possible,” souligne-t-elle.

Ainsi, adopter la technologie tout ayant de meilleures relations humaines, voilà les mots d’ordre pour préparer aujourd’hui, la main-d‘œuvre de demain.

Entrepreneuriat : les clés de la réussite selon Vishen Lakhiani

D’après un récent sondage de l’institut Gallup, seuls quelque 15% des travailleurs à temps plein dans le monde disent être réellement engagés dans leur activité professionnelle, les millennials faisant partie des plus insatisfaits en raison de facteurs comme les anciennes pratiques de management.

Le confinement et le télétravail à travers le monde ont incité de nombreuses personnes à s’interroger sur leur degré de satisfaction dans leur vie personnelle et professionnelle, certaines ont envisagé de devenir leur propre patron ou alors d’entamer une démarche de développement personnel.

Vishen Lakhiani, le cofondateur de l’académie en ligne Mindvalley, en a fait sa spécialité avec son programme pour, je cite, “améliorer l’humanité”. Cet ancien ingénieur informatique confronté à un stress extrême et à un burn-out a quitté son emploi, puis a lancé sa plateforme de formation en ligne qui espère-t-il, attirera un milliard d’utilisateurs via les plateformes de connexion d’ici 2038.

Pour évoquer ses théories audacieuses sur les siestes de revitalisation, l‘épanouissement personnel ou encore la décision d’entreprendre, nous l’avons interviewé à Sharjah.

Rebecca McLaughlin-Eastham, euronews :

“Vous dites que pour beaucoup, devenir son propre patron est un rêve alors que de nombreux entrepreneurs multimillionnaires sont malheureux. Vous étiez l’un d’entre eux. Comment est-ce possible ?”

Vishen Lakhiani, cofondateur de Mindvalley :

“Il y a tellement de gens qui confondent objectif de moyens et objectif de fin. On se donne pour but de devenir millionnaire, de devenir entrepreneur. Mais en réalité, ces objectifs sont très peu en corrélation avec le bonheur. C’est seulement quand vous atteignez cet objectif – en devenant entrepreneur – que vous comprenez que vous êtes épuisés, totalement stressés, sous la pression d’investisseurs. Vous essayez de joindre les deux bouts, mais vous n‘êtes pas capables de verser les salaires. Cela s’explique par le fait que les gens confondent deux choses très différentes : à savoir, les moyens et la fin.”

“Les vrais entrepreneurs agissent pour faire avancer l’humanité”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Concernant les règles, les contraintes de la société – pour reprendre vos termes -, vous dites : “Abandonnez les règles, ignorez-les, mais n’ignorez pas ce que la vie vous apporte.” C’est plus facile à dire qu‘à faire pour de nombreux entrepreneurs en herbe, non ?”

Vishen Lakhiani :

“C’est plus facile. C’est plus facile de suivre son cœur. Dans son célèbre discours d’ouverture à Stanford en 2005, Steve Jobs a dit : “Ecoutez votre cœur et votre intuition. Eux savent déjà ce que vous voulez devenir.” Les meilleurs entrepreneurs ne se contentent pas du statu quo. Je crois que les vrais entrepreneurs agissent pour faire avancer l’humanité. Ils écoutent leur petite voix intérieure qui leur dit de présenter au monde une manifestation de qui ils sont, de ce en quoi ils croient et de la manière dont ils veulent améliorer la société. Et quand vous suivez cet appel, vous avez plus de chances de créer un produit ou un service qui est le reflet de cette empreinte unique. Cela devient plus amusant, vous avez plus de chances de vous démarquer, de réussir.”

“Commencez votre journée par du développement personnel !”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“En parlant de réussite au quotidien et de leçons que les gens peuvent mettre en pratique dans leur vie, parlez-moi de cette expression anglo-saxonne qui dit qu’il faut manger la grenouille en premier : des spécialistes comme Stephen Covey diraient qu’il s’agit d‘établir un ordre de priorité dans ses tâches quotidiennes et d‘être plus efficace en effectuant d’abord la tâche la plus difficile au lieu de la repousser à plus tard et de réduire notre productivité.”

Vishen Lakhiani :

“Je crois que c’est un point de détail. Peu importe que vous réalisiez la tâche la plus compliquée le matin ou le soir. Ce qui m’importe, c’est que, tous les entrepreneurs, tous ceux qui veulent marquer l‘évolution du monde, commencent leur journée par du développement personnel. Commencez la matinée par manger sainement, faire de l’exercice, de la méditation, écrire votre journal, peu importe… Et passez une heure à cela.”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Concernant l’amélioration de la productivité au travail, que pensez-vous des lieux pour faire la sieste ?”

Vishen Lakhiani :

“Les siestes sont merveilleuses, absolument merveilleuses. La NASA a publié une étude qui affirme qu’une sieste très efficace de 20 à 23 minutes environ peut augmenter notre productivité de 30%. Et c’est d’ailleurs l’un des grands mythes de nos sociétés actuelles selon lequel on devrait sacrifier son sommeil pour mieux travailler. Quand une nuit, vous dormez une heure et demi de moins que ce que vous devriez, votre fonctionnement cognitif est amoindri d’un tiers le lendemain. Ce qui veut dire que vous pensez plus lentement. Les idées vous viennent plus lentement. Un tiers de votre cerveau ne fonctionne pas. Ceux qui se vantent de ne dormir que cinq heures par jour comme Donald Trump ne sont probablement pas au mieux de leurs performances.”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Pensez-vous que les entreprises – petites ou grandes – devraient davantage se concentrer sur le présentéisme – ces gens qui sont présents sur le lieu de travail, mais qui ne sont pas au mieux de leurs capacités – ou encore sur l’absentéisme. Car les deux phénomènes coûtent des centaines de milliards de dollars chaque année aux entreprises. à quoi faut-il s’attaquer en priorité ?”

Vishen Lakhiani :

“Encore une fois, pour moi, c’est un concept digne de l‘école maternelle. Ce qui compte selon moi, c’est l’engagement : vos salariés sont-ils investis dans leur travail ? Cela m’est égal que mes salariés travaillent au bureau ou dans un autre endroit. On ne s’embête pas à vérifier les heures de travail. On fait confiance aux gens. Je crois que si on traite son personnel convenablement, si on crée une culture d’entreprise centrée sur l’engagement, eh bien c’est ce principal élément qui compte, c’est cet indicateur qu’il faut observer.”

“La science de l’accès aux états altérés de conscience, prochaine grande avancée du développement personnel”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Le marché du développement personnel devrait représenter d’après des spécialistes, la bagatelle de 13 milliards de dollars en 2022. Un chiffre en croissance globale de près de 5 à 6% par rapport à 2016. Selon vous, quelle pourrait être la prochaine grande idée, la prochaine grande avancée dans ce domaine ? Qu’est-ce qui n’a encore jamais été dit, ni enseigné, ni écrit ?”

Vishen Lakhiani :

“L’une des prochaines grandes avancées, c’est la science de l’accès aux états altérés de conscience pour améliorer le fonctionnement humain. On commencera à voir apparaître des formations à l’intuition dans les entreprises : des gens qui seront capables intuitivement de prendre de meilleures décisions, des personnes en charge des ventes qui sauront de manière intuitive quels sont les meilleurs clients à appeler, des gens qui seront capables de manière intuitive d’entrer en relation avec les autres avec plus d’empathie et de compassion. Et puis, la deuxième grande avancée, je n’ose pas en parler devant une caméra, vous vous diriez que je suis fou. Mais dans dix ans, ce sera l’une des compétences les plus demandées au travail.”

Rebecca McLaughlin-Eastham :

“Il y a de quoi être intrigué. Peut-on avoir un indice ?”

Vishen Lakhiani :

“Il s’agit de tirer parti de certaines fréquences d’ondes cérébrales dans le champ des ondes delta où l’on est capable de modifier la réalité pour rendre le travail et la vie plus simple.”

Source : Africanews, avec titre modifié