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Togo/Dossier: discrimination envers les séropositifs, entre hier et aujourd’hui !

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Il y a encore une dizaine d’années, parler de séropositif faisait peur à plus d’un. La majeure partie de la population togolaise, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, pense directement à un mal incurable et très contagieux. Mais au fond et avec un regard tant objectif que scientifique, le Vih/SIDA n’est pas contagieux au toucher, au contact avec une personne atteinte.

Il aura fallu des sensibilisations porte-à-porte, des actions médiatiques, des sensibilisations de toute sorte pour faire comprendre que la discrimination faite envers les personnes séropositives n’est pas fondée. Elle est juste le fruit pas d’un hasard mais d’une mauvaise interprétation des situations de la vie. Et c’est ainsi que la situation s’est créée.

Encore un pas en arrière et l’on se rendra compte que le SIDA a fait des victimes par millions. Si un vaccin n’existe pas au sens propre du terme, cela ne signifie pas pour autant que tout est perdu et que rien ne peut se faire. Mais avant les premières actions visant à dissuader ceux qui aiment intimider les porteurs du virus, de l’eau a coulé sous les ponts. Ceux qui pouvaient torturer tant physiquement que moralement leurs voisins, l’ont fait sans respect pour la personne humaine.

Si l’environnement d’un malade influe sur sa santé, il est plus que vrai que ceux qui ont été longtemps discriminés ont eu du mal à se maintenir, à vivre comme cela se doit. Ailleurs, dans certains milieux, les moqueries, médisances et intimidations ont mis mal à l’aise certains au point de fuir leurs résidences. D’autres encore se sentant esseulés ont préféré se donner la mort.

Pendant de très longue année, la tendance n’a fait qu’augmenter. Certains ont pensé que toucher une personne malade du VIH, le cajoler, le saluer, se baigner avec elle ou tout simplement l’embrasser signifie déjà que l’on contracte la maladie. Or, ces faits et gestes, on ne peut plus sociaux et fraternels renforcent la cohésion des sociétés. Avant que les institutions et personnes ressources ne tentent de juguler le mal, les clichés sur le VIH/SIDA se répandent comme une traînée de poudre. Dans un tel contexte, les abus ne manquent pas jusqu’à ce qu’une solution durable ne soit trouvée.

 

Les femmes enceintes ne sont pas épargnées

Tout le monde est mis dans un même panier : femmes enceintes, adultes et enfants.  Etant donné qu’elles sont porteuses de vie, la société leur jette un regard accusateur comme si elles étaient responsables à plus d’un titre de ce qui arrive.  Le commun des mortels dira donc que l’enfant sera sans doute infecté alors que la science a foulé au pied cette affirmation gratuite et exploré  ce terrain. Ce qui signifie que les enfants ne sont pas dans tous les cas infectés.

Au Togo, dans le  rapport d’activités de la première année du nouveau Plan stratégique national (PSN) 2016-2020, il est à noter que plus de 80% des femmes enceintes ont été dépistées en 2016 et 9 femmes enceintes séropositives sur 10 ont reçu les traitements anti rétro viraux (ARV). Dans ce sillon, le taux de transmission du VIH chez les enfants, estimé à 6,5% en 2016 est revenu à 8,5% en 2015. Quoi qu’on dise, les femmes pas plus tard qu’hier ne sont pas du tout libres de leurs mouvements et dans l’esprit une fois que l’entourage sait qu’elles portent le VIH et pourraient le transmettre à leurs progénitures.

De là, il est clair que les femmes enceintes, la plupart du temps pour ne pas dire des cas ne sont pas laissées en paix. Leur environnement joue plutôt un rôle de discrimination accrue au point d’influencer très négativement sa psychologie, son être. Une femme en état de grossesse et de surcroît victime de discrimination aura tendance à se recroqueviller, à s’esseuler et à beaucoup réfléchir sur sa vie, au devenir de son enfant  au point que tout cela n’ait d’impact sur le futur bébé qui pour l’instant hérite de la dépression profonde de sa maman.

Nous nous sommes rendus dans un quartier de Lomé, Bè-Kpota pour avoir d’amples informations en provenance des étudiants, l’élite de demain. Il sonne 16 h dans notre montre. Le soleil a quitté le zénith pour rejoindre à pas de caméléon son nid. Nous avançons vers une école d’enseignement supérieure. Il est écrit : « Ecole Supérieure d’Informatique et de Gestion (ESIG) Global Success ». De là, nous avons bien pensé à écouter la version des étudiants, ceux-là même qui se préparent à remplacer la génération en voie de disparition. Ces gens sur qui repose l’espoir de toute une famille et de toute une nation. Indéniable !

Nous prenons les escaliers vers l’étage 3 et là, un binôme d’étudiants échangeait avant notre arrivée. Il nous accueille chaleureusement et nous laisse percevoir des sourires, ce qui montre que ces deux apprenants sont plus ou moins disposés à nous recevoir et à écouter notre message. Après les salutations, nous leur expliquons ce pourquoi nous sommes là. Automatiquement, ils ont jugé et trouvé pertinent le sujet. A cœur joie, ils se sont confiés à nous sans hésitations.

Pour Phanie, la fille du groupe, le fait d’avoir une femme enceinte et en plus séropositive ne fait pas bon ménage vu que la société est conditionnée par un certain nombre de mythes, de clichées difficiles à corriger. Aujourd’hui, il est vrai que cela a diminué mais ça existe encore et fait ses effets.

« Par rapport au passé, quand on dit qu’une femme est séropositive, on voyait que cela leur faisait honte puisqu’il n’y avait pas des mesures propices pour épargner les nouveau-nés de la maladie. Mais aujourd’hui, on constate qu’il y a toute une panoplie de traitements. Une fois que l’on constate qu’une femme est dans le cas, les spécialistes font appel à leur science. Autrement dit, ils prennent des mesures, la suivent lors des consultations prénatales pour que lors de l’accouchement, l’enfant ne soit pas atteint du SIDA. Entre hier et aujourd’hui, les femmes atteintes du VIH SIDA sont libres et leurs seules préoccupations, c’est de tout mettre en œuvre pour en épargner leur futur bébé », a-t-elle expliqué.

Même son de cloche pour Prudence, le jeune homme qui fait partie de ce binôme. Une femme enceinte avec le VIH ne mérite pas discrimination, médisances et insultes. On ne devrait pas chercher à l’intimider. Le mieux que son entourage puisse faire est de lui apporter soutien et réconfort pour traverser cette période importante de sa vie.

Pour sa part, la discrimination que peut réserver la société à ces femmes peut : « avoir des impacts psychologiques sur elles et avoir une déplorable conséquence sur la vie des enfants ».

En général

En général, la discrimination frappe toutes les catégories et passe par des formes assez discrètes. Dans ce sillon, « La discrimination par rapport au passé a un peu diminué. C’est à travers les actions de sensibilisation notamment. Le constat est tel qu’il n’y a plus assez de discriminations envers les personnes atteintes du VIH SIDA », poursuit Prudence pour qui tout est en train de revenir à la normale.

Phanie revient à la charge avec des explications plus profondes. «  Les gens portaient préjudice aux personnes atteintes du VIH parce que dans leurs pensées, ils se disaient que parler à la personne, la toucher ou avoir un quelconque contact avec elle pourrait être porteur de virus. Mais aujourd’hui, il y  a des individus qui mangent et vivent avec des séropositifs. C’est pour dire que tout cela a évolué par rapport à avant. Côté soin, côté moral, cela a évolué, ce qui aide ces personnes porteuses de virus  à ne pas s’éloigner du public. Avant, lorsque la société parle d’elles, c’est une honte insupportable », avoue Phanie.

Conseils aux jeunes

Les jeunes ne devront plus être touchés par la maladie comme avant vue les efforts  que tous les acteurs consentent pour faire parvenir les conseils utiles aux confins du territoire. Chaque centime investi devrait aider et le gouvernement et les associations et ONG de toucher une personne, d’amener un jeune à prendre conscience de son sort. L’illusion, la vraie serait de se voir trop jeune pour contracter la maladie surtout qu’il n’y a pas de limite d’âge. Il va alors revenir à tout jeune qui souhaite être un acteur de sa vie, un décideur qui sait prendre les rênes de son existence de faire son test le plus tôt. En le faisant, l’on augmente sa chance d’être mieux suivi et surtout coaché dans une certaine mesure. C’est à partir de là que le rythme d’un test chaque 3 mois pourrait s’imposer ou  non.

 Quid de l’abstinence ?

« L’abstinence peut paraitre très difficile pour nous les jeunes mais au moins une protection avant chaque rapport sexuel sera une bonne chose », renchérit Basile.

« Nous devons changer nos mentalités surtout que nous avons une population assez jeune et cultivée, il faut éviter de penser que le VIH se contracte en touchant une personne, en mangeant avec elle. Il faut qu’on en finisse avec cette discrimination. Le mieux serait d’être tolérant. », Estime Prudence, le jeune rencontrée dans une école supérieure de la place.

L’abstinence reste un moyen sûr pour ne pas contracter le VIH. Partout, cela est conseillé même si les jeunes reconnaissent que cette méthode leur est difficile à appliquer. Tout compte fait, ceux qui se disent que chaque chose a son temps y parviennent tant bien que mal parce que n’ayant leurs esprits sur place pour penser aux plaisirs charnels.

Pour ceux qui ne peuvent pas s’abstenir, il leur est conseillé le port de préservatif à chaque rapport sexuel. Avec un peu de précaution, les médecins affirment que tout devrait aller pour le mieux sans risque de grossesse  ni de contamination. Ce moyen ne peut être recommandé comme 100 % efficace.

Et après ?

Ce n’est pas la fin du monde. Il faut surtout éviter d’utiliser des objets tranchants en l’occurrence des lames déjà utilisées par une autre personne. De la même façon, il s’avère nécessaire d’exiger chez le coiffeur par exemple, des lames neuves pour le rasage et autres. Les femmes devront acheter et se munir de leurs aiguilles pour tissages et autres opérations esthétiques.

Connaitre son statut sérologique est aussi très important. Personne ne navigue dans le vide et le mieux est de chercher à savoir ce qu’on ne sait pas encore. Plusieurs centres de santé existent aujourd’hui et leur travail est d’accompagner tous ceux qui ont besoin de leur assistance. Il va falloir aussi sensibiliser les jeunes sur ce volet afin qu’ils comprennent que souffrir d’une maladie par exemple n’est pas une honte, une faute ni un opprobre. Le défi pour les instituts nationaux en charge du VIH/SIDA serait d’amener, de motiver les jeunes à faire volontairement leurs tests, à accepter les résultats et suivre de près les consignes données.

« Même si l’on conseille aux jeunes de ne pas s’adonner aux rapports sexuels, ils le feront. La meilleure des choses est de leur dire de ne pas avoir plusieurs partenaires et aussi  de ne pas négliger l’utilisation de préservatifs », conseille Yabez, un jeune, la vingtaine légèrement dépassée.

 

 

 

 

 

 

 




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