Invité dans le cadre de la 3ème édition du Festival International des Lettres et des Arts (FESTILARTS) organisée du 10 au 13 avril 2019 sur le campus de l’Université de Lomé, l’artiste et écrivain Bernard Akoi-Jackson venu du Ghana a plusieurs cordes à son arc. Pour lui, le concept « art » est si vaste et, en tant qu’artiste, il n’est pas confiné dans une catégorie donnée. En fait, il est ce qu’on peut appeler « un touche-à-tout »…
E. B. : Parlez-nous de vous et de vos activités.
Bernard A. : Je m’appelle Bernard Akoe-Jackson, artiste plasticien et enseignant au département de peinture et sculpture de l’Université des Sciences et Technologies Kwame N’Krumah (Ghana). Mon travail en tant qu’artiste est assez confus pour beaucoup de gens parce que je ne suis pas à l’aise dans la catégorisation des métiers d’art. Je suis plasticien et écrivain, mais mon travail n’est pas figé. Je fais des peintures sur différents supports mobiles mais aussi des peintures murales sur des bâtiments comme des fresques. Je conçois également des costumes pour le théâtre et le design. Pour moi, un artiste n’est jamais une chose à la fois et, c’est ce que je symbolise…
E. B. : Quelle est votre philosophie ? Que racontent vos œuvres ?
Bernard A. : Je suis fasciné par le genre humain en général et à la façon dont tout le monde est égal mais en même temps différent dans sa façon de voir les choses. C’est ce que j’essaie de véhiculer à travers mes réalisations. Chacun de nous voit les choses et les interprète d’après ses expériences. Mes réalisations représentent souvent la vie de tous les jours cependant, il y a toujours une part d’art qui y est caché (sourires…). Parfois, les gens regardent sans trop y prêter attention parce qu’ils s’attendent à voir quelque chose d’extraordinaire. Ils ont souvent l’habitude de me demander quel est le sens de mon travail et je leur retourne la question en leur demandant ce que leur inspire mes œuvres. Je souhaite qu’ils trouvent la réponse en eux-mêmes. Normalement, nous devons simplement être libres d’expérimenter l’art.
E. B. : Que pensez-vous du thème principal du FESTILARTS 2019 ?
Bernard A. : Je le trouve très intéressant. Pour ma part, quand on parle de fluidité de l’identité c’est presque comme les différents états de l’eau : quand vous le congelez, il devient un bloc de glace, mais lorsque vous le faites, il se transforme en vapeur. Je pense que c’est vraiment comme cela que doit se définir l’identité. Pour moi, une identité ne peut être fixe. Même l’être humain en soi est changeant. Quelqu’un peut naître homme, demain il peut vouloir devenir une femme. C’est également possible dans le domaine de l’art et de la culture. Et, c’est par cette fluidité que nous pouvons opérer un changement, un changement réel au sein de notre société.
E. B. : Votre sentiment par rapport à votre participation au FESTILARTS 2019…
Bernard A. : En fait, je suis très excité et aussi un peu intimidé parce que je ne parle pas français. Mais je suis venu avec un de mes étudiants qui m’aide pour les traductions. Je suis déjà venu au Togo, mais j’étais très petit, je ne me souviens de rien. C’est donc une magnifique occasion pour moi de revenir au Togo dans le cadre de la 3ème édition du FESTILARTS, qui est une initiative vraiment sublime. Je suis très content d’être ici car le Togo est aussi mon pays. Certains de mes ancêtres sont originaires du Togo. Mon père est Bassar et ma mère est Ewe de Kpando. Alors, je peux dire que je suis chez moi… (rires).