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Un migrant en Lybie: « j’ai vu des gens découper les cuisses d’un mort pour manger »

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esclavage libyeL’affaire fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis la diffusion d’une vidéo choc de CNN sur la vente des migrants comme esclaves en Libye.

Intéressée par la question, Franceinfo a retrouvé un Camerounais victime de cette barbarie qui vit aujourd’hui en France.

Dans un témoignage poignant, le jeune homme de 32 ans qui a choisi de quitter le Cameroun pour aller en France avec sa sœur, raconte les conditions peu reluisantes dans le quelles leur « voyage infernal » s’est déroulé.

Le migrant a réussi à acheter sa liberté pour gagner la France, où il vit depuis près d’un an. Il a accepté de témoigner pour France Télévisions et a dévoilé les dessous de ces pratiques insoutenables.

Voici le récit avec notre confrère 7 sur 7

C’est en janvier 2015 que le jeune homme de 32 ans choisit de quitter le Cameroun pour aller en France avec sa sœur. Il passe par le Nigeria et le Niger, avant d’être stoppé à Debdeb, à la frontière entre l’Algérie et la Libye. Pour aller plus loin, sa sœur et lui sont obligés de payer un passeur 500 euros, ce qui leur permet de traverser le désert en pleine nuit.

Là, ils seront capturés par une milice libyenne. « Les messieurs sont arrivés. C’étaient des arabes et tout le monde était armé avec des Kalachnikov », explique l’homme qui souhaite rester anonyme.

Morts, viols collectifs

Très vite, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils vont faire partie d’un gigantesque marché. « Il y avait des enfants avec nous qui pleuraient. Le chauffeur s’est garé, il est venu à l’arrière, il a sorti les trois enfants en les jetant au sol comme des pommes. Il a tiré dessus, il a abattu les trois enfants. »

Après une très longue route qui a duré toute une journée, le migrant et sa soeur seront mis dans un enclos. « On s’est retrouvés avec plus de 1.500 Noirs, hommes et femmes mélangés, avec des enfants et des femmes enceintes, dans un enclos. »

« Comme s’ils étaient là depuis des années »

Certains sont d’ailleurs très marqués par ce qu’ils subissent. « On voit des gens abandonnés comme s’ils étaient là depuis des mois ou des années. Ils nous ont fait descendre avec une brutalité extrême, tout en nous battant et en nous mettant le front contre le sol. Ils ont commencé à violer les femmes. »

Après ce viol collectif, il n’a jamais revu sa sœur. Aujourd’hui, il ne sait toujours pas si elle est vivante
Les miliciens vont alors décider de son sort, presque de semaine en semaine. « On peut passer peut-être une semaine ou deux dans un endroit. Il y en a un autre qui viendra nous prendre. »

Le camp où tous les migrants sont regroupés est un lieu où l’horreur est partout. Beaucoup sont tués. Et les plus chanceux restent sans nourriture pendant plusieurs jours. « On était affamés depuis trois jours et j’ai vu des gars, dont je ne vais pas citer la nationalité, qui ont découpé les cuisses de l’un des morts. Ils l’ont mangé devant mes yeux. »

Un passeur camerounais va finalement racheter sa liberté, ce qui va lui permettre de rejoindre Tripoli pour passer la Méditerranée en zodiac. C’est la vidéo de CNN qui l’a poussé à témoigner « pour que le monde connaisse l’horreur. »




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