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Sortie de crise au Togo: les hommes de médias se prononcent sur les recommandations de la CEDEAO

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Les recommandations de la CEDEAO font couler beaucoup d’encre et salive. On assiste à une foire de réflexions  et d’analyses.  Que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la presse traditionnelle, chacun de son coté fait son interprétation. Les professionnels de médias ne sont pas restés en sourdine. La plupart d’entre eux se donnent aux traditionnels exercices d’analyses.

La rédaction de Africa Top Success a tenté de recouper quelques unes de ces réactions dont voici la teneur:  

Samuel Gnanhoui, Journaliste-présentateur à New World Tv

« Le pouvoir a envoyé un projet de loi le 05 septembre 2017, il y avait limitation des mandats à deux et élections à deux tours ; ce projet de loi a été bloqué parce qu’on s’arc-boutait sur un bout de phrase ‘’EN AUCUN CAS’’, est-ce que vous en avez entendu parler dans les recommandations de la CEDEAO? En un mot simple, c’est le projet de loi du pouvoir qui est repris.

Le vote de la diaspora est déjà un acquis dans le fichier électoral actuel, il manque juste un mécanisme de mis en application. Je rappelle que lors de la conférence organisée par l’université de Lomé, on a appris que ‘’c’est l’opposition qui a refusé le vote de la diaspora en 1992‘’. Où est la victoire de la C14 là-bas ? Mieux encore, dans la diaspora, la plupart de ceux qui s’agitent n’ont pas ou plus la carte d’identité encore moins le passeport togolais. Beaucoup ont abandonné purement leur nationalité Togolaise. Donc un recensement dans la diaspora serait à l’avantage du pouvoir. Et je rappelle que la diaspora ce n’est pas seulement l’Occident, il y a plus de Togolais éparpillés en Afrique que dans l’Occident. Ceux de l’Afrique sont silencieux jusqu’à présent. Qui vous dit qu’ils sont de tel ou tel camp ? Sur le fichier électoral, les deux camps avaient déjà marqué leur accord.

Bien, maintenant posons les bonnes questions…

Quid du gouvernement de transition demandé à cor et à cri par l’opposition ? Rien ! Quid de la non candidature de Faure Gnassingbé en 2020 ? Rien ! Quid de la recomposition de la CENI ? Rien de rien!  Avant de se proclamer vainqueur, il faut faire la revue des troupes pour voir les pertes dans ces rangs. Je suis désolé, mais la C14 a eu beaucoup de pertes.  Mais comme les gens se refusent toujours à voir la réalité, ils vont se contenter du peu.

On sauve les apparences et on continue à tourner ‘ ’son’’ « peuple » en bourrique. Mais bon, disons que c’est la victoire du peuple, c’est plus facile à entendre ainsi… »

Dimas DZIKODO, Directeur de publication du Journal Forum de la Semaine

«Moi je pense sincèrement  que le vote de la diaspora sera très compliqué voire impossible dans 5 mois pour notre pays. Ça peut se faire pour les autres échéances mais pour ces législatives du 20 Décembre, je pense que c’est une gageure relevant de l’impossible ! Et à l’impossible… Personnellement je doute fort. Puisque ‘’ça va complètement bouleverser le fichier électoral et la composition et le fonctionnement de la CENI’’: tous les pays du monde entier, en Afrique comme ailleurs, devant  procéder au recensement de tous les vrais Togolais détenteurs d’une pièce d’identité nationale (carte d’identité nationale, passeport, laissez-passer, carte consulaire…ceux qui n’en ont pas vont faire comment? Revenir au pays ou se les faire établir sur place dans leurs pays respectifs de résidence? Car les cartes consulaires ne sont pas fichés à la DGDN -sauf erreur de ma part-, pour prendre en compte la question de ceux qui ont renoncé à la nationalité togolaise pour prendre d’autres.. ) doivent se faire recenser d’abord avant de pouvoir voter, et refondre ces  fichiers extérieurs au fichier électoral national pour les décomptes finaux, produire les bulletins et les convoyer dans tous ces pays, organiser des commissions électorales locales qui reflètent la composition nationale dans tous ces pays, et trouver les urnes en conséquence, réorganiser la CENI pour coordonner tous ces votes, avec comme implication  des ressources humaines et financières … Un coût que le budget 2018 n’avait pas pris en compte donc gymnastiques additionnelles au moment où les Députés de l’Assemblée Nationale seront non seulement, en  pleins travaux pour les études du projet de la loi des finances exercice 2019 mais aussi sur le terrain en pleines ou précampagnes électorales … »

Firmin Teko-Agbo,  Journaliste-Chroniqueur politique

« La Coalition a montré qu’elle était incapable de dialoguer,  de discuter politique et de parler en Responsable ou en Homme d’Etat.  Elle a perdu du temps à tous les niveaux, or pouvait-elle obtenir quelque chose.  Toute la C14 a prouvé aux yeux du monde qu’elle est un Regroupement d’Activistes politiques.  Elle s’est comportée comme la Rue.  Elle n’a pas été à la hauteur des discussions. Elle n’a pas fait de la politique pendant près d’un an. Elle s’est juste amusée.

Avec ces Recommandations CEDEAO,  le pays est revenu à l’étape initiale.  Ces manifestations,  ces dizaines de 10millions de FCFA dépensés pour payer les frais du dialogue,  les billets d’avion des uns et des autres, n’ont servi à rien.  Le pays n’en avait même pas besoin.. Avant le 19 Août,  le Pouvoir était déjà dans l’esprit des recommandations CEDEAO.  Il savait qu’il allait faire les  élections,  les réformes constitutionnelles et institutionnelles un jour…  Chers jeunes, militants et sympathisants de la C14, ne soyez pas surpris de cette décision de la CEDEAO.  Elle ne pouvait autrement.

L’institution Régionale est là pour discuter avec des Hommes d’Etat et non pour créer une zone d’instabilité ou de conflit.  Ces Opposants vous ont trompés prend 12 mois,  ils vous ont manipulés… »

 Anani Sossou, Journaliste indépendant 

 « Le verdict tant attendu par les Togolais dans le conflit qui oppose pouvoir et opposition depuis 2005 et qui a connu une ampleur à partir du 19 août 2017 a connu son verdict le 31 juillet 2018 à l’hôtel du 2 février. La CEDEAO qui était l’arbitre a fait des recommandations pour une sortie de crise. Même si elles sont en deçà des attentes de la majorité des populations, elles constituent une avancée majeure pour sortir de la léthargie ambiante qui détruit le pays.

L’espoir était trop grand par rapport aux enchères élevées de la Coalition de l’opposition des 14 partis politiques. Qu’on s’en souvienne. Dès le 7 septembre 2017, elle appelait Faure Gnassingbé à venir « négocier les conditions de son départ » du pouvoir tout en réclamant le retour à la Constitution de 1992 dans sa version originale, le départ pur et simple du champion de la majorité présidentielle avant de transformer cette dernière réclamation à sa non candidature en 2020 pour briguer un 4è mandat à la tête de l’État…

Alors que reste-t-il à l’opposition pour sauver la face. Trois scénarii sont possibles.

Soit elle remobilise la rue pour imposer et obtenir qu’en 2020 Faure Gnassingbé quitte le pouvoir en recadrant, en réorientant cette rue à aller à l’essentiel qui est d’intégrer l’exemple burkinabé ou égyptien dans ses schémas, ce qui va être difficile mais pas impossible au regard de la grande frustration qui se ressent depuis le prononcé du verdict de la CEDEAO, laquelle frustration peut être une résignation ou un sursaut d’orgueil patriotique.

Ou bien cette opposition accepte à son corps défendant les recommandations de la CEDEAO et s’applique réellement qu’elles soient intégralement traduites dans les faits surtout au niveau du fichier électoral sous la supervision et l’appui technique des experts électoraux de la CEDEAO afin de rendre véritablement libres et transparentes les futures élections législatives et locales qui lui permettraient d’être majoritaires à l’Assemblée nationale pour faire revenir la Constitution de 1992 tant souhaitée et ainsi gérer le pays avec un Premier ministre issu de ses rangs.

Soit enfin que la C14 reste dans sa logique de non satisfaction en boycottant le processus électoral et en refusant d’aller aux élections, ce qui fera perdurer la crise et amènera forcément les organisations internationales à de nouveau se pencher sur le cas du malade « Togo » pour lui apporter les remèdes voulus par un peu plus de 7 millions d’âmes qui le composent.

Au-delà de ces positions, une aventure qui pousserait à prendre le pouvoir par la force autre que celle de la rue, sera extrêmement combattue par la CEDEAO qui est minée par des attaques terroristes et dont le mot « stabilité » est devenu le leitmotiv au cours des rencontres de Lomé depuis le 30 juillet dernier.  Le choix, il est vrai est cornélien pour l’opposition, mais il est jouable. Les vendeurs d’illusion doivent à présent se raviser et adopter des comportements pragmatiques et réalistes pour rendre à ce pays sa dignité. Les comportements hautains de  certains membres de la C14 sont une entorse pour jauger efficacement les décisions salvatrices ».

Charles Kpowoadan, Journaliste à la Rédaction  

« Ah mon humble avis la CEDEAO a fait du 50-50. Car notre constitution d’aujourd’hui ne limite pas le mandat. Certes nous sommes en crise mais l’opposition n’a pas elle aussi trouvé les moyens et  stratégies nécessaires pour faire quitter l’actuel président. Donc, on passera désormais sans hypocrisie aux réformes qu’il faut pour faire évoluer les choses comme il se doit pour le bien du peuple et non le bien d’un camp. Ensemble pour un Togo de paix de joie et de convivialité du nord au sud, de l’Est à l’ouest. Que Dieu bénisse notre partie ».

Magloire Teko, Rédacteur en Chef du Journal Flambeau des Démocrates

«Pour tout analyste et observateur avisé de la scène politique togolaise, cette feuille de route de la CEDEAO se veut le chemin à emprunter pour la normalisation progressive de la démocratie togolaise, jusqu’alors une curiosité dans la sous-région. Il faut s’en féliciter de sa justesse et de son objectivité, dans ce sens qu’au delà ses égos et des calculs politiciens, seul le Togo s’en sort gagnant. Les acteurs sont, une fois encore mis devant leur responsabilité pour donner corps à la volonté de la majorité des togolais consistant à opérer les réformes politiques qui consacreront la limitation du mandat présidentiel à deux, un scrutin à deux tours, et surtout le droit de vote aux togolais de la diaspora. Pour moi, ce n’est donc qu’une injustice réparée. Il revient dès lors aux acteurs à pouvoir s’entendre pour la refonte de la cours constitutionnelle. Et avec l’assistance de la CEDEAO, le Togo parviendra sous peu, à connaître l’alternance politique, comme c’est déjà le cas dans plusieurs pays de la sous-région. Mais alors, cela passera également par des élections bien organisées qui réduiront certainement le cycle infernal d’élection- contestation- violences ».

Eli Goka-Adokanu , Journaliste animateur à la Radio Métropolys

« Après la feuille de route de la CEDEAO, le plus difficile revient aux Togolais. Faire les réformes de manière consensuelle. Ce qui aujourd’hui stabilise politiquement les États, c’est le CONSENSUS… S’entendre sur ce qui représente l’intérêt général, en tenant toujours compte des éléments historico-politiques qui pourraient engendrer le pire.

Malheureusement, nous ne sommes pas un pays de consensus, mais un pays en proie à une sorte d’incessantes guerres politique où la force de l’esprit qui est celle des idées s’efface progressivement pour introniser le « ça passe ou ça casse ». La France, depuis 1789 a connu une instabilité politique qui tire sa source du défaut de consensus…mais à partir du 20è siècle, la culture du consensus a pris place dans la conception sociologique politique de leur vivre ensemble… Nous devons travailler pour parvenir à cela. Cela sauvera notre avenir! »

 

 




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