« Ni le Tchad, ni le Gabon, ni la Côte d’Ivoire ne souhaitent le départ de la France ? ». Voilà en substance, la question posée à l’ancien secrétaire d’État français, Jean-Marie Bockel, sur RFI.
Ci-dessous, l’intégralité de ses propos sur le sujet :
Absolument. Mais ils comprennent l’évolution du format, l’évolution du partenariat. Et donc, partir comme ça, du jour au lendemain, c’est en fait tirer un trait sur un partenariat souvent très ancien et qui, à bien des égards, même s’il a vocation à évoluer, a été apprécié et a fait partie aussi de la qualité de la relation que nous avons dans tous les domaines avec ces pays.
Et donc, je pense que, si on avait fait ça simplement par peur d’être peut-être un jour chassé, mais comment nos partenaires l’auraient-ils perçu ? Mal, à juste titre.
RFI : Parmi les pays que vous avez visités, c’était en mars dernier, il y a le Tchad où sont stationnés actuellement quelques 1 000 soldats français. Est-ce que la réduction des effectifs français y sera aussi drastique que dans les autres pays ?
Oui, bien sûr, elle sera significative, importante. Mais sans préjuger de la discussion entre les responsables français, à commencer par le président de la République et son homologue tchadien sur ces questions, ce n’est pas à moi de décider ce qui in fine se fera, mais je sais ce sur quoi, avec ma petite équipe, nous avons travaillé en dialogue constant avec bien sûr le partenaire tchadien à tous niveaux, dans les propositions, dans mes propositions, je crois qu’elles cheminent bien.
Le dispositif permettra, et pas simplement sur un seul site, de préserver l’essentiel du partenariat à partir de ce dispositif socle, de ce point d’entrée, avec toute la dimension logistique, de formation, la dimension aérienne de renseignement.
Ce qui compte, me disait le président du Tchad, Mahamat Déby, ce qui compte, ce n’est pas le nombre de soldats, c’est la qualité de notre partenariat et c’est ce à quoi nous travaillons.
RFI : Voilà six mois que vous devez aller au Sénégal, mais vous n’y êtes toujours pas allés. Alors est ce que c’est seulement parce qu’il y aura des législatives dans dix jours ? Est-ce que ce n’est pas aussi parce qu’il y a quelques mois, le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré que la présence durable de bases militaires étrangères était incompatible avec la souveraineté du Sénégal ?
En fait, il y a eu ces déclarations qui ne nous ont pas échappé. Il y a eu aussi la visite du président Diomaye Faye à Paris le 20 juin. J’étais présent, et il a eu l’occasion de dire au président Macron, qui évoquait la possibilité de partir, que non, qu’il fallait simplement nous laisser le temps d’établir une position claire sur le devenir de la base militaire, même des sites militaires français au Sénégal.
Et les contacts qu’il y a pu y avoir depuis sont toujours dans cet état d’esprit. Au lendemain de l’élection du mois de novembre, il y aura un moment important où les responsables sénégalais pourront dire aux responsables français « voilà ce que nous souhaitons, le moment est venu pour en parler ».
Une chose est ce qui peut être dit dans une période de changement, une chose est ce qui pourra se faire au lendemain d’une élection, ce sont deux temps différents.