Au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a dissous jeudi 12 septembre 2024 l’Assemblée nationale, une décision qui rappelle celle prise récemment en France par le président Emmanuel Macron. Cette démarche semble motivée par un besoin pressant de renforcer la majorité présidentielle au sein de l’hémicycle, un levier crucial pour faire passer des réformes et maintenir la stabilité gouvernementale.
Le Sénégal traverse actuellement une période d’incertitude politique marquée par des tensions sociales et une opposition croissante. Dans ce contexte, la dissolution de l’Assemblée nationale pourrait être perçue comme une stratégie politique visant à créer un environnement plus favorable à l’exécutif. En provoquant de nouvelles élections législatives prévues le 17 novembre prochain, le président espère obtenir une majorité plus solide pour consolider son pouvoir, tout en relançant la confiance de l’opinion publique sur la légitimité de son projet politique.
Parallèle avec la France
En France, le président Macron s’est trouvé confronté à une situation similaire après les élections législatives de 2022, où sa coalition n’a pas obtenu la majorité absolue. Bien qu’il n’ait pas officiellement dissout l’Assemblée, il a dû composer avec un parlement fragmenté, limitant sa capacité à faire passer certaines réformes clés. Ce type de blocage institutionnel est un problème commun aux systèmes présidentiels ou semi-présidentiels où le pouvoir exécutif peut se retrouver paralysé sans une majorité parlementaire stable.
La dissolution de l’Assemblée est donc une carte politique qui, bien que risquée, peut permettre à un président de renouveler sa base parlementaire et de gagner du temps pour légiférer.
Pour Macron, cela aurait signifié potentiellement résoudre l’impasse législative. Pour Bassirou Diomaye Faye, cela pourrait renforcer son contrôle dans un pays en plein débat sur la gouvernance.
Différences contextuelles
Malgré ces similitudes, il existe des différences notables. La France est une démocratie vieille de plusieurs siècles avec une opposition bien ancrée dans les institutions. Au Sénégal, la dissolution de l’Assemblée s’inscrit dans un contexte politique plus jeune, où les tensions ethniques, sociales et économiques jouent un rôle important. La crainte d’un pouvoir exécutif trop puissant pourrait raviver des craintes de régression démocratique, un sujet sensible dans une Afrique de l’Ouest où les transitions démocratiques sont encore fragiles.
Analyse des enjeux
Le geste de dissoudre l’Assemblée peut aussi être interprété comme un signe d’affaiblissement politique. Cela montre qu’un président n’a pas suffisamment de soutien au parlement pour faire passer des lois cruciales ou gouverner efficacement.
En cherchant une nouvelle majorité, il espère renforcer sa légitimité. Cependant, cette démarche comporte des risques. Si l’élection qui suit la dissolution ne donne pas les résultats escomptés, le président peut se retrouver dans une position encore plus précaire, avec une opposition renforcée ou un parlement encore plus divisé.
La dissolution de l’Assemblée par Bassirou Diomaye Faye montre que le Sénégal, tout comme la France, est confronté à la réalité des systèmes politiques où la stabilité de l’exécutif dépend d’une majorité parlementaire.
Cette décision, bien qu’audacieuse, pourrait représenter un tournant pour la gouvernance du pays, avec des répercussions positives ou négatives selon le résultat des prochaines élections législatives.