Se revendiquant homme libre, Joël N’Guessan, ancien ministre et ex-cadre influent du RHDP, a récemment pointé du doigt la responsabilité des magistrats dans les tensions politiques en Côte d’Ivoire, notamment concernant l’exclusion de figures comme Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo ou Charles Blé Goudé des listes électorales. Ces déclarations lui valent aujourd’hui d’être placé en garde à vue et présenté à un juge pour diffamation.
Habitué à dénoncer sans filtre, N’Guessan avait déjà attiré les foudres du pouvoir en exposant publiquement des détournements présumés de fonds publics, notamment dans le scandale du FDFP impliquant Ange Barry Battesti. Il accuse même l’ancien Premier ministre Patrick Achi d’avoir protégé ce dernier malgré des preuves accablantes. Sa marginalisation au sein du parti présidentiel s’était amorcée après ces sorties médiatiques.
Dans une interview récente, il affirme que les décisions de justice jouent un rôle central dans les crises du pays. « Si demain, il y a des troubles, les premiers responsables, ce sont les magistrats », a-t-il déclaré, tout en appelant à plus de discernement dans les choix judiciaires qui affectent les droits politiques des citoyens.
Son arrestation ravive les inquiétudes autour de la liberté d’expression et du rôle controversé de la justice dans l’histoire politique ivoirienne. Depuis les années 1990, plusieurs figures politiques ont été exclues du processus électoral à travers des décisions judiciaires contestées, contribuant à alimenter les tensions, parfois meurtrières, dans le pays.
Joël N’Guessan, atteint d’un handicap moteur, risque une peine allant jusqu’à un an de prison et une amende de 3 millions de francs CFA. Un nouvel épisode qui s’inscrit dans une longue série de bras de fer entre justice, politique et mémoire nationale.