Face à un acharnement judiciaire croissant en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam a annoncé sa démission surprise de la présidence du PDCI-RDA. Une décision stratégique visant à éviter que le parti historique ne soit placé sous tutelle judiciaire, comme le laissaient craindre les manœuvres de ses adversaires politiques.
Anticipant cette offensive, l’ancien directeur général de Crédit Suisse a préféré remettre son mandat entre les mains des militants, qui devront désormais élire un nouveau dirigeant. La direction intérimaire du parti, conduite par le vice-président doyen Ernest N’koumo Mobio, a convoqué un Bureau politique ce lundi 12 mai 2025 pour organiser la succession, conformément aux statuts du PDCI-RDA.
Malgré ce retrait de la tête du parti, Tidjane Thiam ne renonce pas à ses ambitions présidentielles. Il reste déterminé à représenter le PDCI-RDA à la présidentielle d’octobre, poursuivant son combat pour être réinscrit sur les listes électorales, et plaidant pour une révision du fichier électoral afin d’assurer transparence et ouverture.
Installé actuellement en France depuis sa radiation de la liste électorale par la justice ivoirienne, Thiam mène un travail diplomatique et médiatique pour dénoncer les dérives du pouvoir d’Alassane Ouattara, de plus en plus accusé sur la scène internationale de manipuler l’appareil judiciaire pour écarter ses opposants.
Cette stratégie d’exclusion n’est pas nouvelle : avant Thiam, d’autres figures majeures de l’opposition telles que Laurent Gbagbo, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé ont subi des condamnations judiciaires controversées, parfois en dépit de décisions internationales favorables. Gbagbo a été condamné pour un « braquage » de la BECEAO que la banque elle-même a nié, Soro à perpétuité pour tentative de coup d’État, et Blé Goudé à 20 ans malgré son acquittement par la CPI.
Aujourd’hui, Tidjane Thiam est accusé d’avoir perdu sa nationalité ivoirienne en raison de sa double nationalité franco-ivoirienne, interdite par la législation locale. Mais derrière ce motif juridique, ses soutiens y voient une manœuvre politique pour l’empêcher de concourir.
Sa démission, perçue comme un geste tactique et sacrificiel, vise à préserver l’intégrité du PDCI-RDA face à une décision judiciaire annoncée. Le parti, désormais en phase de réorganisation, entend rester dans la course et défendre ses chances à la prochaine élection.