Africa Top Success Ils font l'Afrique
Toujours en France après sa performance remarquée aux Flammes Awards 2025, la jeune étoile montante du rap ivoirien, Himra, s’est de nouveau exprimé sur sa relation complexe avec Didi B, figure emblématique du rap en Côte d’Ivoire. Sans détour, il a partagé sa version des faits et les dessous d’une rivalité souvent mal comprise.
« Au départ, on était tous dans le même mouvement. Il y avait une vraie énergie collective. Mais avec le temps, le succès est venu changer les dynamiques. L’argent a semé la discorde, des clans se sont formés. Moi, je me retrouvais souvent au centre des critiques, alors j’ai préféré m’éloigner du game. J’avais une colère en moi, un rejet du milieu, et c’est avec cette énergie que j’ai percé. Je ne suis pas revenu pour me venger, mais j’ai su transformer cette frustration en force. »
Himra insiste sur le fait que la rivalité avec Didi B n’est pas personnelle, mais plutôt le résultat d’un système qui les oppose :
« Il n’y a pas de vraie animosité entre nous. C’est surtout l’industrie qui nous met en compétition. Et nos entourages respectifs n’ont pas aidé non plus. Quand deux artistes sont lancés sur la même piste, la comparaison devient inévitable. »
Sur un ton plus personnel, Himra partage également son aversion pour l’hypocrisie du milieu artistique :
« J’ai toujours eu du respect pour Kiff No Beat. On se croisait souvent, même si on n’était pas hyper proches. Mais moi, je suis très émotionnel, et l’hypocrisie, je la supporte pas. Dans ce milieu, beaucoup font semblant, sourient devant toi alors qu’ils te critiquent derrière. Moi, je peux pas faire comme si de rien n’était et aller en studio avec quelqu’un qui m’a manqué de respect, même si ça ferait du buzz. À force d’entendre des choses, j’ai fini par me braquer. »
Enfin, Himra distingue clairement son parcours et son caractère de celui de Didi B :
« Quand j’ai commencé, les fans de Didi B se sont sentis menacés. On me disait : “Toi, vaurien, dégage.” J’ai dû affronter une sorte de conspiration dès le début, parce que certains ne voulaient pas me voir réussir. Didi B, lui, c’est un peu le P. Diddy du rap ivoirien : discret, stratégique, toujours souriant devant les caméras. Moi, je suis plus direct, plus brut. Je suis comme Poutine : quand j’agis, on me voit comme le méchant.
À ses débuts, Didi B balançait des piques à tout le monde : “Les rappeurs d’Abidjan vivent chez leurs parents, y a pas d’argent là-dedans.” Il ne pensait pas qu’un autre rappeur comme moi allait émerger. Il voyait les autres comme des figurants : “Je suis avec vous, mais je suis votre papa.” Mais moi, je suis un alpha. Je n’accepte pas qu’on me place en dessous. Même face à Kanye West, je chercherais à comprendre comment il a réussi. Et si quelqu’un me dit que c’est impossible, il va vite comprendre que je ne suis pas là pour faire semblant. »
