En visite à Moscou, le président burkinabè Ibrahim Traoré a plaidé pour une coopération éducative renouvelée entre l’Afrique et la Russie. Son discours, prononcé devant des étudiants africains, marque une rupture avec la dépendance aux modèles extérieurs. Il appelle à un transfert de compétences, au retour des cerveaux et à une appropriation du savoir au service du développement local.
Traoré défend une vision pragmatique de l’éducation : former des techniciens et ingénieurs ancrés dans les réalités africaines. Il souhaite que la science serve la sécurité, l’économie et le climat du Sahel. Pour lui, la maîtrise des technologies, notamment chimiques, doit renforcer les capacités de défense des pays de l’AES. « Apprendre la pratique pour que ça serve à nos pays », martèle-t-il.
Ce projet est aussi politique : il implique la création d’infrastructures locales de savoir, la fin de la fuite des cerveaux et une militarisation stratégique de la recherche. Le président burkinabè appelle à l’envoi d’instructeurs étrangers, dans une logique de duplication des capacités et non de dépendance.
La diaspora scientifique est également mise à contribution : les jeunes formés à l’étranger doivent revenir bâtir les nations africaines. Ce modèle suppose des réformes profondes des systèmes éducatifs et scientifiques.
La coopération avec la Russie prend ici une tournure géopolitique. Elle s’éloigne du seul registre militaire pour inclure l’éducation et la science. L’AES opère ainsi un recentrage stratégique, misant sur la désoccidentalisation du savoir pour bâtir une souveraineté durable.