Selon le président congolais Félix Tshisekedi, cette Constitution de la RDC promulguée en 2006 présente des « failles ». De son côté l’opposition dénonce une volonté du chef de l’État de briguer un troisième mandat que lui interdit la Loi fondamentale.
« Il est peut-être temps d’engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle afin d’éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique ». C’est ce qu’a déclaré le président Félix Tshisekedi le 11 décembre, devant les élus du Parlement.
Lors de son discours sur l’état de la Nation, Tsisekedi a évoqué « le démarrage raté ou plutôt retardé » de son nouveau mandat « en raison du temps nécessaire pour la désignation de la Première ministre et la mise en place des institutions conformément au prescrit de notre Constitution ». Selon le chef de l’État, cela relève de « failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique ». Pour rappel, la Premier ministre Judith Tulunka Suminwa a été nommée le 1er avril 2024, trois mois après les législatives de fin décembre.
Tshisekedi a également évoqué une Constitution « dépassée » : le 27 novembre, lors d’un déplacement à Kisangani.
L’une des critiques les plus virulentes serait que la Constitution porterait préjudice à la souveraineté du pays. Et ce d’autant plus qu’elle aurait été « élaborée à l’étranger et par des étrangers » selon Tshisekedi. L’article 217 de la Constitution est mis en cause. Il stipule que la RDC « peut conclure des traités ou des accords d’association ou de communauté comportant un abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l’unité africaine ».
L’opposition accuse Félix Tshisekedi de tenter à modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà. L’opposition y voit aussi une manœuvre pour détourner l’attention des vrais priorités selon elle, économiques avec l’inflation, et sécuritaires avec la guerre à l’est du pays. Sur ce dernier point, la Constitution actuelle interdit toute modification de la Loi Fondamentale en état de guerre, en état d’urgence ou en état de siège.
« Non, Monsieur Félix Tshisekedi, la Constitution de la République n’entrave en rien le bon fonctionnement des institutions. Le retard dans la nomination du Premier ministre n’a absolument aucune base constitutionnelle », écrit l’opposant Martin Fayulu, dans un message sur son compte X.
De son coté, Moïse Katumbi, parlant de l’article 217 qui braderait la souveraineté de la RDC selon le président Tshisekedi, répond: « la souveraineté n’est pas à confondre avec le territoire », qu’il n’est pas question d’abandonner.
Essama Aloubou