Un tribunal militaire en République démocratique du Congo a condamné jeudi 25 personnes, dont le chef d’une coalition rebelle, à la peine de mort à l’issue d’un procès très médiatisé et diffusé à la télévision, entamé à la fin du mois dernier.
Corneille Nangaa, leader de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), a été reconnu coupable de crimes de guerre, de participation à une insurrection et de trahison. Nangaa, ainsi que 19 autres accusés également condamnés à mort, étaient absents du procès, car actuellement en fuite.
« Cette parodie judiciaire renforce notre lutte pour rétablir la démocratie au Congo », a déclaré Nangaa à l’Associated Press dans un message envoyé depuis un lieu tenu secret.
L’AFC, fondée par Nangaa en décembre, est un mouvement politico-militaire visant à unir les groupes armés, les partis politiques et la société civile contre le gouvernement congolais. Parmi ses membres les plus notoires figure le M23, un groupe armé accusé de massacres dans le conflit qui ravage l’est du Congo depuis des décennies.
Le président congolais Félix Tshisekedi, ainsi que des experts américains et onusiens, accusent le Rwanda voisin de soutenir militairement le M23. Le Rwanda a démenti ces accusations, bien qu’il ait admis en février la présence de ses troupes et de systèmes de missiles dans l’est du Congo pour assurer sa sécurité, en réponse à une concentration de forces congolaises près de la frontière.
Le verdict contre Nangaa intervient après l’annonce d’un cessez-le-feu entre le Congo et le Rwanda la semaine dernière, suite à des négociations menées sous la médiation de l’Angola. Le cessez-le-feu, entré en vigueur dimanche, est toutefois fragile, les trêves précédentes n’ayant duré que quelques semaines et les combats ayant déjà repris près de la frontière avec l’Ouganda.
La condamnation à mort de Nangaa pourrait être utilisée comme levier dans de futures négociations avec le Rwanda ou les groupes armés, selon Yvon Muya, chercheur en études de conflits à l’Université Saint-Paul.
Le conflit qui sévit depuis des décennies dans l’est du Congo a engendré l’une des pires crises humanitaires au monde. Plus de 100 groupes armés s’affrontent dans la région, principalement pour le contrôle des terres et des mines riches en minéraux précieux. Certains luttent pour protéger leurs communautés.
De nombreux groupes sont accusés d’atrocités, y compris des massacres, des viols et d’autres violations des droits de l’homme.
Les violences ont déplacé près de 7 millions de personnes, dont des milliers vivent dans des camps temporaires, tandis que beaucoup d’autres n’ont pas accès à l’aide humanitaire.