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Gabon : premiers scrutins post-putsch sous haute attente citoyenne

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Ce samedi, les Gabonais se rendent aux urnes pour la première fois depuis le coup d’État militaire d’août 2023, qui a mis fin à plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo.

À Libreville, les affiches de campagne mettent en avant Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition, désormais candidat à l’élection présidentielle dans ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole.

L’officier, qui avait évincé Ali Bongo Ondimba en l’accusant de mauvaise gouvernance et de corruption, jouit d’un large soutien populaire. Il incarne pour beaucoup l’espoir d’un nouveau départ après des décennies d’accaparement des richesses nationales par une élite jugée déconnectée des réalités du peuple.

Un vent de changement dans les rues de Libreville

Dans les rues de la capitale, nombreux sont ceux qui espèrent que cette élection marquera une rupture décisive avec le passé. Eugène Ndonga, fonctionnaire, résume l’aspiration collective : « Le vrai problème, c’est le coût élevé de la vie. Si le futur président peut faire baisser les prix des denrées de base et améliorer notre quotidien, ce serait un vrai soulagement. »

Depuis le putsch, les militaires ont placé Oligui Nguema, alors chef de la Garde républicaine et cousin d’Ali Bongo, à la tête d’un comité de transition. Celui-ci s’est engagé à restaurer l’ordre constitutionnel à travers des élections libres et transparentes. En mars, il a officialisé sa candidature à la présidence, rejoignant sept autres postulants.

Un scrutin encadré par une nouvelle Constitution

Adoptée par référendum en novembre dernier, la nouvelle Constitution gabonaise fixe à sept ans le mandat présidentiel, renouvelable une seule fois. Une réforme saluée comme un pas vers davantage de démocratie, même si certains observateurs restent prudents sur la réelle rupture avec le passé.

Alphonse Mbamendene, militaire à la retraite, fait partie de ceux qui misent sur Oligui Nguema pour remettre le pays sur les rails : « Il doit tenir parole. Améliorer les routes, les hôpitaux, c’est urgent. Il faut que ses promesses deviennent réalité. » Deux thèmes majeurs au cœur de sa campagne.

Face à lui, Alain Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo, tente de se poser en alternative crédible. Il promet une gestion rigoureuse des finances publiques, davantage d’emplois pour les jeunes et une politique d’indépendance vis-à-vis de la France.

Entre espoirs de rupture et continuité du système

Malgré la tendance au retrait des forces françaises d’autres pays africains, le Gabon maintient une coopération militaire avec Paris. Environ 350 soldats français sont toujours stationnés sur le territoire. Bien que largement favori, Oligui Nguema n’est pas perçu par tous comme le symbole d’un changement de système.

Fred Kapabi, analyste politique indépendant à Libreville, rappelle que « le coup d’État n’avait pas pour but d’abolir le système, mais simplement de renverser un régime ». Il souligne que les figures du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien parti au pouvoir, sont toujours présentes dans les sphères décisionnelles. Ce même PDG a d’ailleurs officialisé son soutien à Oligui Nguema, jetant une ombre sur la promesse de rupture.




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