Le Sénat américain vient de mettre en garde l’État du Cameroun sur le risque d’une crise diplomatique majeure avec les États Unis, si Yaoundé maintient monsieur Derogy Ndewa ou n’arrête pas les poursuites engagées contre le couple de nationalité américaine.
Le Sénat américain est préoccupé par la situation de deux citoyens américains aux prises avec la justice camerounaise. Dans une lettre envoyée à Lejeune Mbella Mbella, ministres camerounais des relations extérieures, James Rish, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain se dit inquiet du cas du couple Ndewa. « Je suis profondément préoccupé par le cas de deux citoyens américains au Cameroun : le Dr Amber Murrey-Ndewa, boursière Fulbright, et son mari, M. Derogy Ndewa. Je suis de près leur situation et suis alarmé par des informations crédibles indiquant que des poursuites judiciaires à motivation politique ont été engagées contre eux concernant un litige immobilier impliquant l’ambassadeur André Magnus Ekoumou et son épouse, Claire Ekoumou », écrit, le sénateur américain.
« Je suis particulièrement préoccupé par le maintien en détention provisoire de M. Ndewa depuis le 12 mars 2025, malgré les premières conclusions de l’enquête qui ne démontrent aucun fondement aux accusations de cyber-diffamation portées contre lui et son épouse. Sa détention apparaît illégale, et le Dr Murrey risque également d’être arrêté. Ces circonstances suggèrent de graves violations du droit camerounais et un abus d’influence diplomatique de la part d’un haut responsable camerounais », ajoute James Rish.
Face à cette situation, le sénateur américain est formel : « j’exhorte respectueusement le gouvernement camerounais à accorder un accès consulaire immédiat à M. Ndewa par l’ambassade des États-Unis ; veiller à ce que le Dr Murrey et M. Ndewa bénéficient d’un traitement juridique équitable en vertu du droit camerounais ; et permettre à la famille de quitter le Cameroun en toute sécurité, sans entrave et immédiatement, une fois cette affaire résolue…Les États-Unis attachent une grande importance à leurs relations de longue date avec le Cameroun ; cependant, le maintien en détention de M. Ndewa et la menace de nouvelles poursuites contre le Dr Murrey risquent de mettre à rude épreuve ces relations », menace le sénateur américain.»
En rappel, en novembre 2024, le Amber et Derogy Ndewa arrivent au Cameroun et tente de louer une maison à Yaoundé. Au moment d’emménager, le propriétaire du domicile, en la personne d’André Magnus Ekoumou, ambassadeur du Cameroun en France, les informe les que la villa n’est plus à louer. Malgré cette décision, la gestionnaire refuse de rembourser le paiement initial correspondant à cinq mois de loyer.
Dans le coup des disputes, madame Ndewa tourne une vidéo en présence de la gestionnaire dans le but de documenter la fraude potentielle. Elle a ensuite partagé la vidéo avec une personne de confiance qui a malheureusement publié la vidéo en ligne.
A la suite de la diffusion de la vidéo, le couple Ekoumou propriétaires de l’édifice a porté plainte contre le couple Ndewa pour cyberdiffamation, affirmant que la vidéo avait été publiée en collaboration avec un groupe.
Une enquête de deux mois menée par un officier de police du Commissariat Central n°1 a conclu qu’il était probable que les Ndewa n’aient ni publié ni partagé la vidéo publiquement.
Les plaignants ont affirmé que la vidéo faisait partie d’une manœuvre politique, ce que les Ndewa démentent fermement.

Selon l’avocat de la défense, des mandats d’arrêt ont été émis contre le couple Ndewa en violation du droit camerounais. Le 12 mars 2024, le couple a été arrêté à son arrivée au commissariat Central n°1, où ils avaient été convoqués pour une médiation. Madame Ndewa a été libérée sous caution après environ dix heures de garde à vue. Son mari a été arrêté sur ordre du procureur en vertu d’une procédure de flagrant délit. Celle-ci est une mesure réservée aux cas où un suspect est pris sur le fait et immédiatement poursuivi. Pourtant, son arrestation a eu lieu près de quatre mois après les faits allégués.
Lors de la dernière audience, l’avocat des Ndewa a soutenu que l’incarcération de M Ndewa était arbitraire et a demandé au juge de statuer sur l’incompétence du tribunal, ainsi que sur les violations de la procédure judiciaire et des droits humains.
Essama Aloubou