Dans les semaines à venir, la CEDEAO se réunira pour examiner la demande de retrait de trois de ses membres, à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger, désormais regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Si cette décision venait à être officialisée, elle constituerait un tournant majeur pour l’organisation. Toutefois, des divisions internes rendent difficile l’obtention d’un consensus sur la démarche à adopter.
Une rupture déjà actée par les trois pays
En janvier 2024, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, invoquant des désaccords profonds avec l’organisation, notamment sur sa gestion des crises politiques et sécuritaires. Ces pays, dirigés par des régimes militaires, reprochent également à la CEDEAO une proximité jugée excessive avec des puissances occidentales, en particulier la France. En se retirant, ils ont choisi de renforcer leur coopération régionale à travers l’AES, qu’ils considèrent plus alignée sur leurs aspirations souverainistes.
Cependant, les statuts de la CEDEAO prévoient un délai d’un an avant de valider un retrait. La décision finale ne pourra donc intervenir qu’en janvier 2025, laissant une marge pour d’éventuelles négociations ou évolutions.
Une CEDEAO divisée sur la stratégie à adopter
La réunion prévue en décembre 2024 devra clarifier la position de l’organisation. Selon le journaliste Serge Daniel, les membres de la CEDEAO se scindent en deux camps. Le premier, favorable à un retrait immédiat, propose d’acter la décision des trois États sans tarder, estimant qu’un départ rapide éviterait des tensions prolongées.
Le second camp plaide pour un délai supplémentaire, espérant qu’une période de réflexion permette de renouer le dialogue et de convaincre les trois pays de réintégrer l’organisation. Ces partisans de la réconciliation craignent que la sortie de ces États affaiblisse davantage l’intégration régionale.
Un contexte de recompositions géopolitiques
Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger reflète également des évolutions géopolitiques majeures en Afrique de l’Ouest. Ces pays, désormais critiques à l’égard des interventions occidentales, se rapprochent de nouveaux partenaires comme la Russie. En parallèle, leur engagement au sein de l’AES est perçu comme une tentative de créer une alternative pour limiter l’influence de la CEDEAO dans la sous-région.
Cette dynamique inquiète plusieurs pays membres, notamment le Sénégal, où le président Bassirou Diomaye Faye a exprimé sa volonté de jouer un rôle de médiateur. Il espère favoriser le retour des trois États au sein de la CEDEAO pour préserver l’unité régionale.
Les enjeux cruciaux de la réunion de décembre
Pour la CEDEAO, cette réunion sera déterminante pour affirmer son rôle en tant qu’acteur clé dans la gestion des crises régionales. De leur côté, le Mali, le Burkina Faso et le Niger chercheront à consolider leur position souverainiste et à renforcer leur alliance au sein de l’AES. Le résultat des discussions aura des implications profondes sur la stabilité et l’avenir de l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.