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Gabon : lettre d’Ali Bongo ou le mea-culpa d’un président « qui a tout perdu »

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Après avoir faire diffuser, mercredi 18 septembre, par ses avocats, une lettre ouverte où il appelait le peuple gabonais à ne pas céder à l’esprit de vengeance contre sa femme et son fils, détenus depuis le coup d’État, l’ex-président Ali Bongo dit reconnaître aussi les « insuffisances » de ses différents mandats. Et s’en présente comme le seul responsable.

Quelques heures après la publication de ce document, les réactions s’enchaînent de part et d’autres.

La dernière en date, est celle de Marc Ona Essangui, l’une des voix les plus critiques de l’ancien régime.

Grande figure de la société civile gabonaise, aujourd’hui vice-président du Sénat de transition, comment a-t-il perçu la lettre d’Ali Bongo ?

Retrouvons ses éléments de réponses dans un entretien exclusif, avec nos confrères de RFI, dont nous nous faisons le plaisir d’en reprendre un extrait :

RFI : comment analysez-vous la lettre d’Ali Bongo ?

Marc Ona Essangui : Je constate que c’est la lettre d’un père de famille adressé aux autorités pour faire en sorte que son épouse et son enfant soient libres. Je comprends la douleur de Monsieur Ali Bongo, c’est la même douleur que les familles gabonaises ont vécue pendant 14 ans. Ali Bongo a été à l’origine du malheur qui a frappé beaucoup de famille. La dernière douleur en date, c’est celle des familles après l’attaque du QG de Jean Ping en 2016. Je pense qu’aujourd’hui, il comprend aisément que la vie ne vaut pas tout ce qu’on est en train de faire subir aux peuples africains et surtout au peuple gabonais. Il faut être humain. Humain, pour savoir que ce que les autres vivent, je peux le vivre un jour.

Il y a tout de même dans cette lettre une ébauche de mea-culpa. « Je suis conscient des insuffisances de ma présidence dont j’assume seul la responsabilité ». Y êtes-vous sensible ?

Je ne peux pas être sensible à ces mots parce que ce sont des mots d’une personne qui n’a plus de pouvoir. Mais quand il avait le pouvoir, nous, au niveau de la société civile, nous avons souhaité organiser à plusieurs reprises de dialogue des dialogues dans lesquels les Gabonais devaient se retrouver autour de la table pour mettre fin à tous ces malheurs, à toutes ces injustices, à toute cette mal-gouvernance qu’Ali Bongo et sa famille ont fait vivre aux Gabonais. Aujourd’hui, nous sommes dans un pays où les militaires sont en train de tout reconstruire. Je dis bien tout reconstruire parce que c’est un délabrement total qu’Ali Bongo et sa famille ont laissé au peuple gabonais. Il faut tout refaire.

On va reviendra sur ce processus de reconstruction. Ali Bongo se livre à un plaidoyer pour sa femme et son fils et il rappelle aussi qu’il n’est pas libre de ses mouvements. Pourquoi, lui, ne fait pas l’objet de poursuites judiciaires ?

Il n’est pas libre de ses mouvements, c’est lui qui le dit. À plusieurs reprises, les autorités militaires ont souhaité qu’Ali Bongo aille poursuivre ses soins médicaux à l’international. Il a refusé, il a refusé parce qu’il souhaite absolument que son fils et son épouse soient libres. Sauf que son fils et son épouse sont en détention pour des délits et non pas pour avoir été l’épouse ou le fils d’Ali Bongo. Alors, il n’est pas libre tout simplement, parce qu’il ne veut pas être.

Libre, mais il ne peut pas sortir de sa résidence, il ne peut pas recevoir qui le veut.

La preuve, à chaque délégation internationale, Ali Bongo est toujours visité par la délégation en question. La dernière délégation en date qui est passée à Libreville, c’est celle de l’Union africaine et Ali Bongo les a reçus.




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